Dans un instant je vais recevoir Antoine de Caunes qui va sortir un film sur Napoléon, et je lui demanderai ce qui lui a pris mais avant, quelques minutes de rêves avec le dieu vivant du cinéma japonais Hayao Miyazaki.
Pour ceux qui ont des enfants, et bien habituellement ils ont le choix entre Walt Disney et Walt Disney ou bien l'épouvantable Goldorak mais depuis 3 ou 4 ans, et bien, Hayao Miyazaki a des films qui sont vus en France: Totoro l'esprit de la forêt, la Princesse Mononoke, ou encore le Voyage de Chihiro qu'un million et demi de spectateurs ont vu et puis ces jours-ci sort un nouveau film de Miyazaki qui s'appelle le Château dans le Ciel et vous allez découvrir le monde de Miyazaki qui est à la fois un monde magique avec un bestiaire animalier qui nous devient très vite familier, un monde de rêve et puis un monde baigné aussi dans la culture traditionnelle du Japon. Suivez Thomas Boder (?) dans les rues de Tokyo, près de Tokyo en tout cas dans le monde de Miyazaki.
Nous sommes au Japon, dans la lointaine banlieue de Tokyo. Un drôle de chalet suisse avec une enseigne sur laquelle il est écrit "la maison du cochon", c'est là que travaille depuis bientôt 20 ans un certain Hayao Miyazaki. Il a créé des personnages extraordinaires, il a fait voler des cochons dans les airs, il a donné ses lettres de noblesse à l'animation japonaise, en Europe et aux Etats-Unis on le compare à Walt Disney, au Japon c'est tout simplement le maître de l'animation. Avec ses grosses lunettes et après 40 ans de carrière, Hayao Miyazaki aime toujours dessiner bien sûr, écouter de la musique sur des enceintes assez originales et faire un tour dans le jardin, voir si ça pousse, parce que la nature, ça compte pour lui. Son jardin secret il sait le cultiver, ses interviews sont plutôt rares et l'homme, assez discret.
"Au début de ma carrière, je pensais que j'aurais la paix ; ben c'est raté!"
Tout commence l'année de sa naissance en 1941, le papa du petit Miyazaki fabrique des avions de chasse pour l'armée japonaise. Hayao en gardera toute sa vie un dégout profond pour la violence et la guerre. les machines volantes, par contre, Miyazaki adore, résultat : il passe son enfance le nez en l'air.
Oui, on peut dire que je suis tête en l'air, plus exactement, je traîne ma carcasse et j'ai la tête dans les nuages.
Miyazaki donnera à son personnage de cochon aviateur ses propres traits, le père de Poko Rosso ne manque pas d'humour, ni de suite dans les idées. 1973, le Japon est en pleine vague "Goldorak", Miyazaki préfère inventer pour la télé des personnages animaliers sympas comme ce Panda Kopanda. 15 ans plus tard, Miyazaki dessine toujours des animaux sympas, celui-là se nomme Totoro. Au Japon, le film intitulé "Mon voisin Totoro", fait un carton, 2 millions de spectateurs pour un dessin animé, c'est un véritable phénomène de société.
Nous sommes à Shybuya, le quartier jeune de Tokyo. Ici les fans de Totoro sont légion, c'est bien simple, parmi les grands enfants en virée pour le weekend, tout le monde connait la chanson. Mais derrière la ritournelle se cache un sens plus profond.
- Ouais !
A l'origine de la création de Totoro, il y avait de la volonté de ma part de parler de la forêt. Pour moi la forêt, c'est un véritable être vivant. Mais pour incarner cette forêt, un arbre qui marche ce n'est pas franchement la meilleure idée. Alors, j'ai cherché à concevoir une sorte d'animal fantastique, qui puisse exprimer toutes les valeurs importantes présentes dans les plantes, les arbres, la nature. C'est comme ça qu'est né dans mon imagination le personnage de Totoro.
Et manifestement, le message écologiste est passé.
Vous savez la raison du succès de Myasaki ici, c'est qu'à travers ses films, il fait redécouvrir la culture traditionnelle du Japon. Aujourd'hui on vit dans un univers de béton, très citadin, mais dans ses films on voit les forêts, les rivières, les divinités. On retrouve dans ses oeuvres tout ce que l'on a oublié dans notre monde moderne. C'est ça qui est bien.
Ecologiste convaincu, Myasaki signe en 1998, une épopée inspirée du folklore païen japonais "Princesse Mononoké". 17 millions de Japonais se ruent au spectacle des dieux de la forêt et 500.000 spectateurs français se laissent séduire par ce conte fantastique venu du pays du soleil levant.
On dit qu'au coucher du soleil, il revêt le manteau de la nuit, il se promène à travers toute la montagne, il change d'aspect au lever du soleil, regarde le jour poindre et se transforme !
J'ai toujours envie de mettre du vent dans mes films. Je ne sais pas vraiment pourquoi mais j'ai ce plaisir à faire souffler du vent dans nombre de séquences de mes films. Par ailleurs avec ce vent, j'essaie à la fois d'exprimer le mouvement, la durée, le temps qui passe.C'est un plaisir, mais c'est aussi une recherche.C'est un travail que je mène.
Alors ce n'est pas pour rien si son studio s'appelle "Ghibli" , le nom d'un vent du sud qui souffle en Italie. Pour Myazaki, qui sème le vent récolte le succès. Plus fort que le film Titanic, le Voyage de Chihiro se révèle être le plus grand succès du cinéma au Japon : 23 millions de spectateurs nippons. Les aventures de cette petite japonaise au pays fantastique des sorcières et divinités font mouche.
Ici c'est le musée de l'architecture Tokyo-Edo, Monsieur Myazaki aime bien se promener dans ce parc. Les bâtiments qui sont ici ont véritablement inspiré sa création.
J'ai besoin de me balader, dans ce parc-là ou dans un autre. C'est vital pour ma créativité. J'ai besoin de voir des paysages. Le problème c'est que lorsque je commence à travailler, je suis enfermé, et lorsque je suis enfermé, je n'arrive plus à être créatif. A ce moment-là, pour faire surgir des images, je dois m'en remettre à mon inconscient. Le monde est immense et infini. Moi, je ne montre qu'une partie de ce monde dans mes films. Mais dans ce qui est filmé, ce qui est projeté sur l'écran, il y a différents univers qui coexistent. Le monde n'est pas univoque, c'est ce que j'essaie d'exprimer à travers tous mes films.
Et effectivement, pour les créations de Hayaho il y a une vie à côté du cinéma car, grâce à ses succès, Myazaki s'est payé le luxe d'avoir de son vivant un musée à la gloire de son imagination. Avec 3.000 visiteurs par jour, le musée Ghibli affiche complet, il y a 3 mois d'attente pour avoir un billet.
En France aussi Myazaki fait désormais des émules, plus de un million et demi de téléspectateurs sont allés voir "le Voyage de Chihiro", l'esprit de Miyazaki souffle désormais d'un bout à l'autre de la planète.
Tout c'est une affaire de chance, je ne sais pas si elle est bonne ou mauvaise; Moi, je n'ai jamais cherché une telle réussite. je cherche juste à faire des films qui puissent aujourd'hui m'émouvoir comme le cinéma savait le faire lorsque j'étais enfant.
Alors les enfants, que vous soyez petits ou grands, une bonne façon pour s'introduire dans cet univers qui mêle à la fois le féérique et le philosophique, consiste à aller voir l'un des tout premiers films de Miyazaki , "Le Château dans le Ciel", resté inédit en France jusqu'à présent.
"Le Château dans le Ciel" qui sort aujourd'hui. Antoine de Caunes, vous, votre film sort dans un peu moins d'un mois, il s'appelle "Monsieur N." et c'est ...
