- "Dans votre plus récent travail vous avez décrit un nouveau sujet, l'homme endetté. Qui en est avec la direction débiteur, créancier, je ne sais pas c'est c'est ça comment on dit en français, débiteur, créditeur ? Comment on dit en français ?"
- "Créancier, débiteur aussi. Créditeur, débiteur."
- "Accéléré dans les années soix..heu... soixante-dix. Cette relation nous permet nous... cette relation heu ... nous fait tout les tout .. débiteurs, tous égaux, et ainsi déplace la lutte des classes. Pouvez-vous expliquer la formation de ces nouveaux sujets collectifs, hommes endettés, et les conséquences qu'elle a sur la lutte des classes ?"
- "Eh, heu, c'est un peu long, mais bon.
Disons comme ça que cette relation de pouvoir c'est une nouvelle relation de pouvoir entre débiteur et créditeur, hein, qui s'ajoute aux autres relations de pouvoir qui sont dans la production, dans la consommation etc. etc. sur le pouvoir des classes de la lutte des classes, parce que heu... historiquement, le capitalisme s'est caractérisé par la centralité du rapport capital / travail.
Et puis du moins dans la version officielle, c'est cette relation capital/travail qui est au centre de l'économie, de la politique. Voilà.
Là il y a une discontinuité qui est introduite par le capitalisme, par les ... la financiarisation, hein, où par contre c'est cette .. c'est cette relation qui devient heu hégémonique et qui commande et réorganise les autres.
Alors comment elle heu .. ben d'abord, elle marginalise politiquement heu... le mouvement ouvrier. C'est à dire que le mouvement ouvrier avait pendant deux siècles avait réussi à .. à imposer au capital des réformes, des conquêtes sociales, la retraite, les horaires de travail, tout ça hein, Et cette heu .. le point culminant de cette pression du mouvement ouvrier, des ouvriers sur le capital, c'était les années soixante-dix.
Pour détourner cette résistance, à mon avis, mettre en place des relations le plus tôt qu'on le peut et parce que c'est une relation qui est qui est sociale, quoi, c'est pas une .. c'est une forme de réalisation de l'extraction de la gestion de la plus-value, donc de la production qui est pas définie par secteur. Elle est définie socialement, en disant que c'est l'équivalent de la .. à travers la dette - on est tous endettés, mais tous je veux dire - à travers la dette souveraine, donc la dette de l'état, tout le monde est endetté qu'il soit ... heu .. . salarié à plein temps, heu, précaire, heu, au chômage, qu'il soit retraité, inactif tout le monde doit payer.
Donc c'est un dispositif nouveau, auquel on constate que l'organisation du mouvement ouvrier n'a pas trouvé de réponse. Si on regarde la lutte des classes on peut dire maintenant que c'est qu'il y a une asymétrie, parce que y'a pas de classe, en réalité, que c'est .. il y a autour de de du .. capitalisme financier s'est reconstitué une classe qui a un programme politique qui a un projet politique et tout ça mais de l'autre côté, on a la cl.. la classe ouvrière qui s'est dispersée dans une multitude de situations, hein, et qui s'est pas recomposée comme classe. Donc il y a une asymétrie de classe en ce moment, je trouve, où on a une classe capitaliste qui est .. en voie de décomposition et par contre, une classe .. disons comme ça : y'a un prolétariat qui est en phase de décompo.. de dé dé ... pas de décomposition. De fragmentation, de rupture. Donc c'est .. c'est un truc asymétrique, voilà.
This recording is difficult to transcribe on many levels:
- the interviewer's French is so clumsy that her first question hardly makes any sense
- the interviewee's French is at times heavily accented (Maurizio Lazzarato, right?) and also difficult to understand, even though his French is a million time better than the interviewer's.
- the sound quality is poor - too much background noise.
- this recording is much too long to be comfortable to work with. It becomes impossible to control where exactly the cursor is.