Le débarquement a commencé dans les airs. Les alliées ont en effet une écrasante supériorité aérienne. En quelques heures, plus de mille avions anglais et américains déversent leur bombes sur les défenses allemandes. Les cratères provoqués par ces bombes sont encore aujourd'hui visibles à la pointe du Hoc, haut lieu stratégique pour les allemands. Dans l'arrière pays, afin de prévenir tout parachutage, les Allemands ont inondé les marais. Ils ont également planté des pieux pour empêcher l'atterrissage des planeurs.
"J'avais douze ans donc à ce moment-là et vers dix heures du soir ou dix heures et demie on a entendu des avions qui passaient, du grand bruit, il faisaient pas encore tout à fait nuit et on voyait bien les avions, les portes ouvertes et les parachutistes ont commencé à descendre. Au début, ils ont été très réticents à nous contacter, si vous voulez, ils croyaient arriver en pays ennemi en fait. Autant que j'ai pu en juger, c'était des jeunes gens. Ils avaient entre dix-huit et vingt-cinq, trente ans peut-être. Mais c'était pas facile à voir parce qu'ils étaient tout barbouillés de noir avec du ... vous savez, du charbon, pour pas se faire voir dans la nuit, donc nous on les voyait comme des diables, un petit peu. Même par moment on en avait peur. Mon père a commencé à fumer sa première Camel il était quatre heures du matin, et moi à mâcher mon premier chewing-gum à la même heure, les Américains m'ayant donné un paquet de chewing-gum. Mais comme je ne savais pas ce que c'était, je l'ai machouillé et je l'ai avalé."
Au moment où les Américains sautent sur Sainte-Mère-Eglise, les Britanniques de la sixième division aéroportée s'emparent du pont de Bénouville entre Caen et la mer. Ces opérations aéroportées préparent l'arrivée d'une armada de sept mille bateaux et trois-cent mille hommes devant débarquer troupes et matériel sur 5 sites choisis.
A l'aube du six juin, l'armada alliée prend position et commence à bombarder la côte tenue par les Allemands.
Le 6 juin 44 au matin, la plage de Colleville ne s'appelle pas encore Omaha. De leur blockhaus, les Allemands voient surgir à l'horizon les navires de la flotte alliée. A quatre heures trente, une première vague de péniches approche d'Omaha. Touchées par les obus allemands, renversées par une forte houle, un grand nombre d'embarcations chavire.
Vers six heures, les soldats américains atteignent enfin le rivage. Face à une défense allemande intacte, toutes les premières vagues sont fauchées sur place. Pendant toute la matinée, les Américains sont menacés d'être rejetés à la mer.
Aujourd'hui cette plage française reste un haut lieu de l'histoire américaine. A Utah Beach, la résistance allemande est moins dure qu'à Omaha. Sur les trente deux mille soldats engagés, les pertes s'élèvent à trois cents hommes.
Ici à Saint-Aubin, seules trois maisons étaient construites en juin 44. Face à ces maisons, ce sont des Anglais et des Canadiens qui viennent prendre position sur ce lieu baptisé Junon.
Les seuls français qui participent à l'opération on débarqué à Ouistreham. Ils sont cent soixante dix-sept et font partie du commando Kieffer.
"Nous sommes débarqués ici le six au matin, à sept heures vingt, du matin, chargés de sacs qui faisaient entre trente-cinq quarante kilos en fonction de l'armement de chacun. On était sur deux barges. Chaque barge avait une mission à faire, c'est à dire que la troupe un où tous les officiers ont été blessés en débarquant parce qu'ils ont été touchés par un obus avait pour mission de prendre le casino en passant par la route et à l'intérieur des terres. La deuxième barge avait pour mission de continuer à prendre la plage et prendre tous les blockhaus qui se trouvaient entre cette partie du casino et le lieu de débarquement. Et Kieffer nous avait dit: 'Voilà bon, s'il y'en a 15 d'autres vous qui y arrivent, ce sera bien'. Voyez... Alors donc on a couru en haut de la plage le plus... On était entièrement mouillé on s'en est pas aperçu, voyez, on était mouillé ainsi de suite, on s'en est pas aperçu, le travail était là en face, on a couru le plus vite possible en haut de la plage. Nous avons coupé le fil de fer barbelés et traversé un champ de mine".
Après les premières va gues d'assaut, armement, munitions, véhicules et troupes de relève sont débarqués le long du littoral. Ici à Bernières, devant cette maison, malgré le mur anti-char, la tête de pont anglo-canadienne s'organise. Le soir du six juin, les cinq plages sont solidement tenues. Mais les objectifs initialement fixés par l'état major allié pour le premier jour, ne seront atteints que quatre jours plus tard. La petite ville d'Arromanches a été choisie pour construire un port artificiel. Chaque élément a été fabriqué en Grande Bretagne dans le plus grand secret et transporté ensuite jusqu'à la côte normande. Jusqu'à la Libération de Cherbourg, deux millions cinq cent mille hommes et cinq cents mille véhicules vont transiter par ce port artificiel. Prouesse technique autant que stratégique sa réalisation manifeste la supériorité matérielle des puissances alliées. Derrière ces fantômes de béton, tout le long du littoral, les centaines de millier de sépultures réparties sur vingt-sept cimetières restent aujourd'hui un lieu de mémoire.
