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Il nous attendait sur le pas de la porte, à 7 heures pétantes. Pas question d'arriver en retard pour la rentrée. On a plus d'une heure de route pour aller jusqu'à l'école. David Gauthier est impatient de commencer son nouveau métier.

"C'est le premier jour d'une nouvelle vie et donc, un peu comme dans... tous les premiers jours, un peu stressé et puis en même temps un peu impatient de vivre ce moment."

Sur le chemin, on passera devant son ancienne vie professionnelle : une entreprise agro-alimentaire où il était chef de projet. Un bilan de compétences et une remise en cause plus tard, le voilà à l'école élémentaire d'Espaly-Saint-Marcel.

"Sonia ? Tu sais où est Christelle du coup ?"

"Christine ?"

"Oui, Christine, pardon."

"Christine, elle était..."

"La directrice, je ne la vois pas, je ne connais pas mes élèves, du coup... je suis un peu en recherche de repères."

Pas de panique, David,la directrice est en train de travailler pour France 3. Elle fait signer les autorisations pour que l'on puisse filmer les 24 élèves qu'elle partagera avec notre professeur stagiaire de 45 ans.

"Vous avez vu qu'aujourd'hui, dans la classe, il y a un maître. Alors je vais vous le présenter, parce que nous, on se connait. Il s'appelle David Gauthier, il travaillera dans la classe, avec moi. Il sera là les lundis, mardis."

"Moi je suis nouveau dans l'école, donc je ne vous connais pas, donc ce que je vais vous proposer pour commencer en fait c'est un petit questionnaire pour faire connaissance avec vous."

Le parcours classique pour devenir maître à l'école nécessite de passer les étapes suivantes : s'inscrire en Master d'enseignement et de l'éducation, suivre des cours en école spécialisée, un concours à réussir après la première année et la seconde année partagée, où l'on enseigne et l'on poursuit sa formation. David n'a réussi son concours que la deuxième fois, sans jamais vraiment douter de sa vocation.

"Donc c'est 'un élève' donc c'est sérieux avec un "x", et si tu me disais par exemple 'une élève', on dirait quoi ?"

"Sérieuse"

"Voilà, c'est ça."

"La matière dans laquelle tu te sens le plus fort... les maths aussi. Quelle activité préfères-tu à l'école, la danse, ça, c'est un bon indice. Zia, oui ?"

"Inès ! "

"Bravo ! Au bout de 3 questions, bravo."

" Ça m'a permis de, bon déjà de faire gentiment connaissance avec les élèves, et puis le temps qu'ils remplissent leur questionnaire ça m'a permis de voir comment ça pêche avec un des élèves, et en un quart d'heure ça m'a permis de retenir les prénoms de tous les élèves de la classe."

David voulait enseigner à des grands, il a donc hérité d'une des 5 classes de cette petite école élémentaire de la Haute-Loire, les CM2.

"C'est vraiment très intéressant en fait de se dire, voilà, mon travail, c'est de faire des adultes, quelque part, éclairés, qui aient... qui puissent développer un certain esprit critique par rapport à tout ce qu'ils entendent autour d'eux, qui puissent réfléchir par eux-même, qui puissent prendre leurs décisions, pour gérer leur vie personnelle et leur vie professionnelle plus tard."

Dans les couloirs, une invitée surprise de l'Inspection Académique. Elle veillera, avec d'autres, à la réussite de ce maître stagiaire un peu plus expérimenté que la moyenne.

"On leur demande bien sûr d'être observateurs, d'écouter les conseils, puisqu'ils ont pour chacun deux tuteurs : un tuteur de terrain, qui est un professeur des écoles Maître Formateur, et un tuteur théorique qui est un professeur de l'ESPE, qui les accompagnent, qui les guident tout au long de l'année. Donc on ne leur demande pas, bien sûr de savoir faire classe parfaitement, tout de suite, mais d'être vraiment à l'écoute des conseils qui leur sont donnés et d'être dans une démarche de formation perpétuelle."

"Moi, si je m'occupe des sciences par exemple, c'est CE2, CM1, CM2 ?"

"Voilà, c'est ça. Mais tu auras un jour le CE2, le lendemain le CM1, et... voilà."

L'enseignant va devoir trouver sa place au milieu de la centaine d'élèves et des 5 professeurs, dont la directrice, qu'il remplacera 2 jours par semaine."

"Il y a la maîtresse, et puis il y a la deuxième maîtresse ou le deuxième maître, et ils ont tendance à se laisser un petit peu... comment dire... aller quand c'est la deuxième personne, que c'est pas la maîtresse habituelle, quoi. Donc c'est pour ça, je lui ai dit, il faut vraiment ne rien laisser passer, quitte à paraitre un petit peu sévère au début, mais après, comme ça au fur et à mesure de l'année, il sera tranquille par rapport à ça."

"J'ai toujours eu des maîtresses, mais je ne sais pas ce que ça fait d'avoir un maître, donc je vais le découvrir cette année, quoi."

"Oui moi je le trouve très sérieux, il a l'air gentil mais sérieux il veut faire travailler ses élèves."

Lundi prochain, David Gauthier sera tout seul face à sa classe, prêt à franchir un autre palier dans sa nouvelle vie.