Enfants : Bonjour maîtresse !
Voix-off : Aujourd'hui, toute une histoire reçoit la ministre de l'éducation nationale, de l'enseignement supérieur et de la recherche. Najat Vallaud-Belkacem a créé une journée pour dire non au harcèlement scolaire.
NVB : C'est la première fois qu'il y a une journée consacrée au harcèlement, pour que tout le monde se réveille, se dise "si je suis témoin il faut que je réagisse" et prenne des dispositions pour que ça s'arrête le plus vite possible pour les petits jeunes en question.
Voix-off : C'est aujourd'hui, et nous aussi nous avons décidé de dire non, avec elle et nos invités : Marie Lopez, alias EnjoyPheonix sur le web"
EP : Ma vie a clairement été un enfer, et je pense qu'il n'y a pas d'autre mot, et je pèse mes mots quand je dis "un enfer".
Voix-off : Ophélie
Ophélie : C'était des... des insultes notamment par rapport à mon poids.
Voix-off : Et Virginie.
Virginie : Ils ont pas compris le mal qu'il lui faisaient. C'est allé jusqu'en 5ème où elle a fait une tentative de suicide.
EP : Je pense que quand on a été victime de harcèlement, comme moi, ou même de violences, plus jeune, on se dit qu'ensuite on a envie d'aider les autres. Toi, tu le fais à ta manière, et moi à la mienne, en essayant de, ben voilà, de ...de... de dire à toutes ses jeunes filles et jeunes garçons d'en parler et d'aider ... d'aider tout le monde, quoi...
Enfant: Débile, t'es la honte de la classe.
Maîtresse : Baptiste, Baptiste ... T'es avec nous ?
Présentatrice : Bonjour à tous, à l'occasion de la journée nationale de lutte contre le harcèlement, Toute une Histoire a choisi de se mobiliser en consacrant l'après-midi au harcèlement scolaire. C'est donc une émission exceptionnelle que nous vous proposons, avec la présence de la ministre de l'Education Nationale, Najat Vallaud-Belkacem. Merci Madame la ministre, d'être avec nous aujourd'hui pour écouter des témoignages sans concessions, vous le verrez, de nos invités, et pour répondre à leurs questions. Merci, tout d'abord, d'avoir accepté notre invitation. J'imagine que, pour cette journée que vous avez créée, c'était important pour vous d'être là aujourd'hui.
NVB: Oui, c'était très important, merci aussi à vous de mettre en lumière ce combat qui doit mobiliser toute la société, c'est l'intérêt de créer une journée nationale. Toute la société, d'abord parce qu'on voit bien le nombre d'enfants, d'élèves, qui sont concernés par le harcèlement, qui ne cesse d'augmenter à mesure que le cyber-harcèlement s'invite.
Présentatrice : Alors on voit les chiffre qui s'inscrivent : Un élève sur dix serait victime de harcèlement.
NVB : Absolument, laissant des séquelles graves, qui vont de la démobilisation dans les études, aux effets les plus terribles malheureusement jusqu'au suicide, on le sait. Des effets d'ailleurs tout aussi graves pour les auteurs de harcèlement, et puis, des effets graves pour les témoins de harcèlement qui n'ont pas parlé. Et donc c'est important de dire à chacun qu'il doit se sentir concerné et aux témoins en particulier de rompre le silence et de sortir leurs petits camarades de l'enfer.
Présentatrice : Alors pour cette émission nous avons convié des lycéens scolarisés à Chelles, ils sont ici dans le public, et eux aussi ont très certainement des choses à dire. Samuel Mergui, merci d'être avec nous, c'est vous qui allez nous éclairer sur les traces que peuvent laisser le harcèlement, et sur ce qui peux se passer dans la tête d'un harceleur. Marie et Ophélie, bonjour. Vous avez toutes les deux été victimes de harcèlement, vous aviez quel âge au moment des faits ?
Marie: Moi j'avais 16 ans.
Présentatrice : Et vous ?
Ophélie : Moi j'en avais 14.
Présentatrice : A vos côtés, il y a Virginie. Bonjour, Virginie.
Virginie : Bonjour.
Présentatrice : Vous, vous êtes la maman d'une jeune adolescente qui a vécu le même cauchemar que Marie et Ophélie alors qu'elle n'était même pas au collège, nous avons préféré la protéger et protéger son anonymat, c'est donc votre point de vue de maman que vous allez nous partager cet après-midi. J'imagine que cela vous tenait à coeur d'être présente sur notre plateau.
Virginie : Oui je trouvais ça important de partager, en tant que maman, ce qu'on vit de l'autre côté, et surtout de parler du harcèlement, parce qu'on ne sait pas tout ce qui se passe dans certains établissements scolaires et il faut vraiment aider les enfants à combattre ça.
Présentatrice : Alors on va découvrir le témoignage de Marie, on vous connait mieux sous votre pseudonyme, EnjoyPhoenix qui est votre nom de blogueuse sur internet. Vous vous êtes fait connaître en publiant des vidéos de conseils beauté, on en voit une derrière moi, voilà. Aujourd'hui, 4 ans après votre première apparition sur le net, vous êtes suivie par plus d'un million d'internautes, et il y a un an, c'est un aspect très personnel de votre vie que vous avez choisi de dévoiler, on va regarder d'ailleurs le début de cette vidéo que vous avez postée, il y a un an.
Présentatrice: Alors, c'est un témoignage que beaucoup de jeunes ont vu, plus de combien de vues sur internet?
EP: Je crois plus de deux millions de vues sur cette vidéo, c'est énorme quand même...
Présentatrice: C'est plus que d'habitude sur les conseils de beauté?
EP: C'est beaucoup plus que d'habitude parce que mine de rien c'est un sujet qu'on aborde très très peu, et là de le voir abordé en vidéo je pense que ça a attiré du monde, même des gens qui n'étaient pas forcément confrontés au harcèlement ont quand même voulu savoir. Je pense avec une petite part de voyeurisme parce que ça intéresse toujours, mais en tous cas ça a attiré du monde.
Présentatrice: Alors comment ça a démarré, cette histoire de harcèlement? Pour vous, vous aviez quel âge?
EP: Alors, moi j'étais en seconde j'avais 16 ans à l'époque, au lycée, et c'est vrai que tout se passait plutôt bien, le début d'année se passait bien, et au bout d'un moment y a eu une rupture. Une rupture avec ces filles qui avaient potentiellement plus d'argent que moi, plus d'argent que mes parents et qui le démontraient beaucoup dans leur façon de s'habiller, dans leur façon d'être... euh... et voilà, il y a eu une rupture entre ces filles et moi. Et sûrement sans aucune raison, en tous cas j'ai jamais réussi à saisir le pourquoi du comment, elles ont décidé de...voilà de me prendre comme bouc émissaire et elles m'ont fait me sentir mal en fait.
Présentatrice: Donc aucune amie dans cet environnement?
EP: Aucune amie non, toute seule.
Présentatrice: Euh qui étaient ces élèves qui vous insultaient? Vous parlez de filles, d'une bande de filles?
EP: Euh oui, c'était effectivement majoritairement une bande de filles, on va dire que les filles entre elles sont quand même assez dures, même si elles embarquaient avec elles les garçons et je pense qu'après ça a crée un mouvement qui fait que, si certaines filles s'acharnent sur une eh bien tout un lycée se dit bon bah moi aussi je veux être cool je veux être comme les autres donc moi aussi je vais insulter cette fille que je ne connais pas, mais euh...
Présentatrice: Alors ça se passait comment les insultes? C'étaient des insultes, c'était des messages, des SMS?
EP: C'était des insultes, voilà je passerai mais c'est vrai que tous les jours, dans les couloirs, en cours, on me jetait des choses de l'autre bout de la classe, et puis quand je rentrais chez moi c'était encore pire, les textos, les réseaux sociaux, on venait sonner en bas de chez moi, on appelait mes frères et sœurs pour continuer vraiment tout le temps tout le temps tout le temps quoi donc c'était... c'était incessant en fait.