...et toujours à propos d'économie, notre enquête à propos d'un phénomène peu connu et qui est entrain d'émerger, c'et en quelque sorte la migration à front renversée. Des milliers d'enfants d'immigration, des jeunes d'origine algérienne, souvent diplomés, traversent la Méditerannée pour s'installer en Algérie. ils vont chercher la réussite, et les opportunités qu'ils ne trouvent pas forcément en France. C'est le dossier de cette émission. Il est signé Nabila Tabouri, Pascal..., Guillaume Beaufils
Dans le rôle de la gentille organisatrice, Lamire .... Ici à Algers, tout le monde connait cette jeune femme de 36 ans, venue de France. Chef d'entreprise, elle a créé un club de loisirs pour femmes actives fortunées. Ce jour-là c'est séance de tai-chi. d'autres fois, elle organise des weekends plongée ou des sorties culturelles. En s'installant il ya 6 ans en Algérie, le pays d'origine de ses parents, elle est partie de rien. Aujourd'hui, ça ressemble à une success story.
"le réseau en lui-meme regroupe 2000 personnes qui ont adhéré à l'idée et on en a des dizaines par semaine quinous rejoingnent. Alors, oui je crois qu'on peut parler de réussite"
Lamia gagne 4000 euros par mois, 4 fois plus que son ancien salaire en France. En plus d'oganisation d'événements,elle a créé un site Internet et a embauché 6 personnes.
Cette réussite, Lamia en est persuadée, jamais elle n'aurait pu y accéder en france. La jeune femme a grandi à Grenoble, où toute sa famille vit encore. Une enfance tranquille, un diplôme de management, Lamia a gravi tous les échelons jusqu'à devenir directrice d'un restaurant. Sa vie, elle pensait la faire en France mais l'ascenseur social s'est brusquement arrêté.
"On m'avait promis un poste, qu'on a offert à quelqu'un d'autre à quelques semaines de ma prise de poste et on m'a clairement exprimé que le frein à mon évolution était mes origines"
Depuis son arrivée il y a 35 ans, la famille Boudoudou n'a jamais quitté Grenoble. le papa était boucher, la maman femme au foyer. Ainée de 6 enfants, la jeune femme est la seule à avoir fait ce choix de retour au pays. A la fierté de sa réussite se mêle aussi un peu d'amertume.
"Devoir partir pour réussir, c'est un peu dommage. la plupart des gens partent de là-bas pour réussir ici. La France nous construit mais en même temps, finalement elle nous rejette. elle nous apprend à travailler puis le jour où on y est, finalement, on ne veut plus de nous. ça refroidit, c'est un peu la douche froide"
A Algers, Lamia a retrouvé les cousins, s'est reconstitué un cercle d'amis. pour rien au monde, elle ne changerait de vie, d'autant plus qu'ici elle a exporté son mode de vie à la française. "
...continuer à faire son marché seule, ses courses seule, habiter seule, faut pas que ça change ou le cacher pour que les gens au contraire s'habituent et s'adaptent au fait que oui, il existe des jeunes femmes indépendantes, il existe des jeunes femmes qui conduisent la nuit"
Si au départ Lamia s'est installée en Algérie par dépit, pour d'autres jeunes Franco-Algériens, c'est un choix de carrière
L , 31 ans s'apprête à ouvrir un centre d'appels à Algers et c'est à la foire internationale qu'il démarche ses futurs clients. Né en France, il était ingénieur d'affaires à Paris. Ce qui l'a fait partir, c'est l'envie d'entreprendre, car si la France est en crise, l'Algérie, elle, est en pleine croissance économique."Moi, mes parents, ils sont partis en 70 pour venir en france, pour aider la France à contribuer au développement de la France et moi , c'est à dire, aujoud'hui, je suis plutot câblé dans le sens inverse.. j'ai une expérience française, j'ai étudié en france, j'ai eu une expérience professionnelle en France.. bon,ben je vais prendre tout ça dans une valise, puis je vais partir en Algérie et puis je vais déballer tout ça, voilà"
Ces jeunes investisseurs venus de France avec diplômes et compétences, l'Algérie les accueuille à bras ouverts, pratiquant au passage une immigration sélective.
"On a besoin de création d'emplois mais on n'a pas besoin de jeunes qui viennent entre guillemets prendre le travail qui existe ici, parce qu'on a déjà assez de jeunes qui n'en ont pas, nous"
Quitter la France pour le pays d'origine de ses parents, le phénomène ici en Algérie est très récent. Depuis trois ans entre 15 et 20 000 jeunes auraient fait le choix d'une immigration inversée