Note to recorder:
à une vitesse naturelle svp
La tête me tourne, j’écoute la nausée
je cherche un point d’appui et bien sage m’assieds :
c’est là mon premier jour de clôture en ce monde.
Mon mouvement n’est qu’oculaire, rapide, circulaire,
tout le reste est instable, se presse
même le transit, des pointes dans les viscères.
Odeur de tomate cuite, nauséabonde
odeur de maison-famille. Quand j’étais fille
je n’ai jamais pu les pâtes à la tomate à la cantine
je me souviens de mon repas de pauvre : pâtes nature. De moi
qui derrière des petites lunettes en fer picorait
des pâtes trop cuites, reste un automate ou suaire,
en ces temps où le souvenir ne compte pas.
En ces temps où a enfin mûri cette
règle infernale de me sentir contente.
Tous les jours je promène ma gentille tristesse,
celle qui caresse la zone morte, s’en occupe avec adresse,
celle qui regarde mesdéfaites avec patience, avec tendresse
celle qui ne t’accuse pas accusant les pertes, ma
gentilletristesse: l’impression de stabilité devient une certitude.
L’animal qui meurt se cache toujours. L’animal se cache
pour soigner la zone qui meurt : si je ris, c’est plus fort, je ne pleure
presque plus. Mon corps est devenu forteresse. Je suis
survenue en moi-même.