Simone Weil
La pesanteur et la grâce
L’intelligence et la Grâce. Quand on écoute du Bach ou une mélodie grégorienne, toutes les facultés de l'âme se tendent et se taisent, pour appréhender cette chose parfaitement belle, chacune à sa façon. L'intelligence entre autres : elle n'y trouve rien à affirmer et à nier, mais elle s'en nourrit. La foi ne doit-elle pas être une adhésion de cette espèce ? On dégrade les mystères de la foi en en faisant un objet d'affirmation ou de négation, alors qu'ils doivent être un objet de contemplation.
La volonté de Dieu. Comment la connaître ? Si on fait le silence en soi, si on fait taire tous les désirs, toutes les opinions et qu'on pense avec amour, de toute son âme et sans paroles : « Que ta volonté soit faite », ce qu'on sent ensuite sans incertitude devoir faire (quand même, à certains égards, ce serait une erreur) est la volonté de Dieu. Car si on lui demande du pain, il ne donne pas des pierres.
Vierges folles. Cela signifie qu'au moment où l'on prend conscience qu'il y a un choix à faire, le choix est déjà fait - dans un sens ou dans l'autre. Bien plus vrai que l'allégorie sur Hercule entre le vice et la vertu.
Décréation. Il s'est vidé de sa divinité. Nous devons nous vider de la fausse divinité avec laquelle nous sommes nés. Une fois qu'on a compris qu'on n'est rien, le but de tous les efforts est de devenir rien. C'est à cette fin qu'on souffre avec acceptation, c'est à cette fin qu'on agit, c'est à cette fin qu'on prie. Mon Dieu, accordez-moi de devenir rien. À mesure que je deviens rien, Dieu s'aime à travers moi.
Merci beaucoup isa80!