Estelle a 16 ans. Elle est en première scientifique au lycée Jean-Moulin d'Albertville. Elle est à l'internat, rentre chez elle le week-end, et les cours, promis, "ça se passe pas mal". Mais Estelle n'est pas exactement une adolescente comme les autres. Parce qu'elle porte un nom de famille célèbre, surtout dans les Alpes : Alphand. Et si elle est aujourd'hui, et pour dix jours, à Innsbruck, en Autriche, ce n'est pas pour un voyage scolaire. Mais pour participer aux premiers Jeux olympiques de la jeunesse d'hiver (lire l'article "Les JO de la jeunesse se mettent aux sports d'hiver").
Mercredi après-midi, elle était arrivée là-bas insouciante mais, depuis, elle prend peu à peu la mesure de la chose. "Je ne m'attendais pas à ce que ce soit aussi important. C'est un événement assez impressionnant, il y a beaucoup de monde, beaucoup de pays représentés… "Soixante-dix délégations au total, fortes d'athlètes âgés de 14 à 18 ans et engagés dans les mêmes disciplines qu'aux "vrais" Jeux olympiques d'hiver. Les Français sont 29, et Estelle Alphand est venue pour le ski alpin, comme son père, Luc, bien sûr. Et puisque son patronyme sonne si bien, elle a même été désigné porte-drapeau de la délégation hexagonale pour la cérémonie d'ouverture, prévue ce vendredi.
Chef de la mission française à Innsbruck, Edgar Grospiron, champion olympique de ski de bosses en 1992, ne cache pas que ce choix n'est pas innocent. Mais il refuse de s'arrêter au simple patronyme de la jeune fille. "On l'a avant tout choisie pour son potentiel, son niveau de ski. On a tout pour croire qu'elle va ramener une ou plusieurs médailles." Engagée sur toutes les épreuves – slalom, géant, super G et super combiné – parce que "pour l'instant je suis bien partout, je ne veux pas choisir", Estelle s'est déjà fait un prénom parmi les initiés, entre ses performances dans sa catégorie d'âge et ses apparitions récurrentes en Coupe d'Europe, l'antichambre du top niveau mondial.
