Please, speak slowly and make pauses on commas (,) and dots (.), so I can stop the recording and repeat after you.
Donc, j'étais un mauvais élève. Chaque soir de mon enfance, je rentrais à la maison poursuivi par l'école. Mes carnets disaient la réprobation des mes maîtres. Quand je n'étais pas le dernier de ma classe, c'est que j'en étais l'avant-dernier. (Champagne!) Fermé à l'arithmétique d'abord, aux mathématiques ensuite, profondément dysorthographique, rétif à la mémorisation des dates et à la localisation des lieux géographiques, inapte à l'apprentissage des langues étrangères, réputé paresseux (leçons non apprises, travail non fait), je rapportais à la maison des résultats pitoyables que ne rachetaient ni la musique ni le sport, ni d'ailleurs aucune activité parascolaire.
- Tu comprends? Est-ce que seulement tu comprends ce que je t'explique?
Je ne comprenais pas. Cette inaptitude à comprendre remontait si loin dans mon enfance que la famille avait imaginé une légende pour en dater les origines: mon apprentissage de l'alphabet. J'ai toujours entendu dire qu'il m'avait fallu une année entière pour retenir la lettre "a". La lettre "a" en un an. Le désert de mon ignorance commençait au-delà de l'infranchissable "b".
- Pas de panique, dans vingt-six ans, il possédera parfaitement son alphabet.
Ainsi ironisait mon père pour distraire ses propres craintes.
Daniel Pennac, "Chagrin d'école".