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L'attente d'un grand jardinier.
Le Nôtre grimpe un à un les degrés de la hiérarchie, devient en 1648 "dessinateur des plants et jardins du roi", en 1656 "contrôleur des bâtiments". Il étend son savoir botanique, continue de fréquenter les ingénieurs de la Galerie du Louvre, rencontre les plus grands architectes du temps, dont le premier d'entre eux, François Mansart.
Et il attend. Attend de la meilleure manière qui soit: sans impatience, sans envie qui le ronge, sans même savoir qu'il attend, plongé qu'il est dans le labeur quotidien. Mais, au fond de lui, l'espoir est là. Que l'ambition d'un puissant lui permette de donner sa mesure.
Sa renommée grandissant, quelques particuliers lui proposent d'aménager leurs propriétés. Ce ne sont que projets d'encore faible ampleur, occasions, seulement, de se faire la main et d'améliorer l'ordinaire (car les émoluments royaux ne sont guère généreux).
J'ai trouvé le puissant que tu cherches, dit Le Brun. Il a acheté cinq cents hectares. Le Vau construit le château. Je me charge des peintures et des sculptures. Les jardins t'attendent: on a juste commencé à remuer la terre.
Érik Orsenna, "Portrait d'un homme heureux, André Le Nôtre
(1613-1700)"
