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Une histoire de lion
Un lieutenant d’infanterie, dans un régiment posté en Afrique, a trouvé un jour un lionceau gravement blessé qu’il a fait soigner et guérir, et qui a bientôt pris l’habitude de le suivre comme un chien.
Au bout de quelques mois ce lionceau avait beaucoup grandi, et l’officier a fait construire une cage dans laquelle l’animal se couchait la nuit; mais pendant la journée il errait partout dans la caserne et aux alentours.
On lui a donné le nom de Léo. Il était aimé de tous les soldats, qui lui offraient des morceaux de viande qu’il prenait gentiment.
Le colonel du régiment aimait se vanter de leur mascotte, dont il était très fier.
Cependant, un soir le colonel, qui était rentré assez tard en voiture, s’est étonné de découvrir le lion couché au beau milieu de l’entrée de la caserne.
Il faisait clair de lune, la bête avait l’air bien redoutable, et le chauffeur du colonel a été saisi de peur. ‘Mais bon sang,’ s’est écrié l’officier, en souriant, ’vous n’avez rien à craindre. Le lieutenant Duclos a sans doute oublié d’enfermer Léo dans sa cage. Je vais descendre lui parler.’ Et il s’est approché du lion, en lui disant: ‘Dis donc, mon petit Léo, tu dois aller te coucher ailleurs.’
Le lion ne voulait pas bouger, et le colonel, un peu vexé, lui a donné un coup de pied au derrière. L’animal s’est levé lentement et s’en est allé d’une façon nonchalante, en le regardant d’un œil mauvais.
Quand le colonel était entré dans la caserne il a tout de suite envoyé chercher le lieutenant, pour lui raconter ce qui était arrivé.
Celui-ci s’est présenté en hâte devant son chef.
‘Vous auriez dû remettre Léo dans sa cage ce soir, lieutenant,’ a dit le colonel. ‘Je viens de le chasser de la cour, où il bloquait le passage de ma voiture.’
‘Mais, mon colonel,’ lui a expliqué le lieutenant, ‘je vous assure que je l’ai enfermé, comme d’habitude, à sept heures.’
‘Comment s’est-il échappé alors?’ a demandé le colonel. ‘Nous devrions aller voir comment la porte a bien pu s’ouvrir.’
Ils allaient tous les deux examiner la cage. Le lieutenant avait dit juste. La porte de la cage était toujours fermée à clef, et Léo dormait profondément dans un coin.
Le pauvre colonel a failli perdre connaissance. Il avait donné un coup de pied à un lion sauvage.
