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Chika
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Présentation de l'éditeur :

La lutte contre le cancer est une histoire humaine : une aventure pleine de découvertes dues au hasard, d'opportunités saisies au bon moment mais surtout une célébration de la ténacité des hommes.

Des premiers traitements chirurgicaux, novateurs mais brutaux, jusqu'aux travaux des époux Curie sur les radiations et leur dénouement tragique ; des risques démesurés pris par Sidney Farber dans sa mise au point de la chimiothérapie jusqu'à l'auteur lui-même et au traitement de ses patients, ce livre captivant retrace un combat plusieurs fois centenaire.

De nos jours, alors que le cancer devient une expérience universelle, le besoin de mieux connaître notre vieil ennemi et ses traitements est plus fort que jamais.

Dans ce récit exceptionnel, traduit dans trente-cinq pays et notamment récompensé par le prix Pulitzer, Siddhartha Mukherjee nous dévoile le chemin parcouru pour résoudre l'un des grands mystères de la science et nous offre un aperçu fascinant de nos progrès futurs.

« Tout est en place pour une monumentale lutte scientifique, politique et humaine.

Ce livre est une prouesse qui dépasse de loin la “vulgarisation scientifique”.

» The Observer « Une nouvelle star dans le panthéon des grands médecins-écrivains.

» Washington Post Création Studio Flammarion

Siddhartha Mukherjee est cancérologue et chercheur en oncologie.

Diplômé de Stanford, d'Oxford et de Harvard, il a occupé un poste d'enseignant-chercheur au Dana-Farber Cancer Institute, et a exercé au Massachusetts General Hospital ainsi qu'à la Harvard Medical School.

Il est actuellement professeur assistant à l'université Columbia et médecin au service d'oncologie du CU/NYU Presbyterian Hospital.

Il a publié de nombreux articles et commentaires dans des magazines scientifiques comme la revue Nature et des journaux comme le New York Times.

Il vit à New York avec sa femme et ses deux filles.

CAHIER PHOTOS

L'Empereur de toutes les maladies

Une biographie du cancer

Ce livre est une histoire du cancer.

C'est une chronique d'une maladie ancienne – autrefois clandestine, évoquée dans un murmure – qui s'est métamorphosée en une entité mortelle protéiforme imprégnée d'une telle force métaphorique, médicale, scientifique et politique que le cancer est souvent décrit comme le fléau caractéristique de notre génération.

Ce livre est une « biographie » au sens le plus profond du terme, une tentative de pénétrer l'esprit même de cette maladie immortelle, de comprendre sa personnalité, de démystifier son comportement.

Mon but ultime est cependant de soulever une question au-delà de cette biographie : la fin du cancer est-elle concevable à l'avenir ?

Sera-t-il possible d'éradiquer un jour et à jamais cette maladie de nos corps et de nos sociétés ?

Le cancer n'est pas une maladie mais plusieurs maladies.

Nous les appelons toutes « cancer » parce qu'elles ont un trait fondamental en commun : la croissance anormale des cellules.

Et, au-delà de ce point commun biologique, les thèmes culturels et politiques qui traversent les multiples incarnations du cancer justifient une narration les réunissant.

Il n'était pas possible d'aborder les histoires de chaque forme de cancer, mais j'ai essayé de faire ressortir les grands thèmes qui se retrouvent au cours de cette histoire de quatre mille ans.

Ce projet, certes vaste, a commencé sous une forme plus modeste.

Durant l'été 2003, après avoir terminé mon internat de médecine et ma spécialité d'immunologie du cancer, j'ai commencé une formation avancée en oncologie au Dana-Farber Cancer Institute et au Massachusetts General Hospital à Boston.

J'avais initialement prévu de tenir un journal de cette année, un reportage en direct des tranchées sur le traitement du cancer.

Cette entreprise s'est néanmoins assez vite transformée en une plus grande exploration qui m'a emmené dans les profondeurs non seulement de la science et de la médecine, mais aussi de la culture, de l'histoire, de la littérature et de la politique, dans le passé et le futur du cancer.

Deux personnages se trouvent au centre de cette histoire, deux contemporains idéalistes, enfants du boom de la science et de la technologie d'après-guerre aux États-Unis et tous les deux happés par l'ambition obsessionnelle de lancer une « Guerre au cancer » nationale.

Le premier est Sidney Farber, le père de la chimiothérapie moderne, qui a découvert fortuitement un puissant médicament contre le cancer dans l'analogue d'une vitamine et qui a commencé à rêver d'un traitement curatif universel pour le cancer.

Le second est Mary Lasker, un membre de l'élite sociale de Manhattan à l'énergie légendaire qui a rejoint Farber dans son aventure au long cours.

Tous les deux ne font qu'illustrer l'imagination, l'inventivité, la ténacité et l'optimisme de générations d'hommes et de femmes qui ont bataillé contre le cancer depuis quatre mille ans.

C'est en un sens une victoire militaire, dans laquelle l'ennemi est informe, hors du temps et omniprésent.

Là aussi, il y a des victoires et des défaites, campagne après campagne, des héros et de la démesure, de la survie et de la résilience avec inévitablement des blessés, des condamnés, des oubliés, des morts.

Finalement, le cancer émerge vraiment, comme « l'empereur de toutes les maladies, le roi de la terreur ».

Un avertissement : en science et en médecine, où la primauté de la découverte pèse d'un poids énorme, c'est la communauté des scientifiques et des chercheurs qui attribue le titre d'inventeur ou de découvreur.

Bien qu'il y ait de nombreuses histoires de découvertes ou d'inventions dans ce livre, aucune ne peut justifier de revendiquer une primauté.

Ce travail repose largement sur les épaules d'autres livres, études, articles, mémoires et entretiens.

Il repose aussi sur la vaste contribution d'individus, de bibliothèques, de collections, d'archives et d'articles remerciés à la fin de cet ouvrage.

Un remerciement, cependant, ne peut être laissé à la fin.

Ce livre n'est pas seulement un voyage dans le passé du cancer mais aussi le voyage personnel qui a fait de moi un oncologue.

Cet autre voyage aurait été impossible sans mes patients qui, plus que tous les autres contributeurs, ont continué de m'inspirer et de m'en apprendre alors que j'écrivais.

C'est une dette que je leur dois à jamais.

Cette dette s'accompagne de devoirs.

Les histoires narrées dans ce livre posent le problème important du respect de la vie privée et de la dignité de ces patients.

Lorsque la connaissance de leur maladie était déjà publique (par de précédents entretiens ou articles), j'ai utilisé les noms réels.

Dans les autres cas ou lorsque les personnes interrogées m'ont demandé de rester anonymes, j'ai utilisé de faux noms et changé à dessein les dates et les identités pour rendre plus difficile leur identification.

Ce sont néanmoins de vrais patients et de vraies rencontres, et je prie donc mes lecteurs de bien vouloir respecter leur identité et leur vie privée.

Au matin du 19 mai 2004, une jeune femme de trente ans, Carla Reed, enseignante en maternelle à Ipswich dans le Massachusetts et mère de trois jeunes enfants, se réveilla avec un mal de tête.

« Pas juste un mal de tête, dira-t-elle plus tard, mais une sorte de torpeur.

Le genre de torpeur qui vous dit tout de suite que quelque chose ne va pas du tout.

Cela faisait déjà près d'un mois que quelque chose n'allait pas du tout.

À la fin avril, un matin, Carla avait découvert d'étranges bleus dans son dos.

Ils étaient apparus d'un coup, comme d'étranges stigmates, avaient grossi, puis disparu le mois suivant, laissant de larges marques disséminées sur la peau.

D'une manière presque insensible, ses gencives avaient blanchi.

Début mai, Carla, une femme vive et pleine d'énergie qui courait toute la journée après des enfants de cinq ou six ans, se mit à peiner pour monter des escaliers.

Certains matins, épuisée et incapable de se lever, elle se traînait à quatre pattes pour passer d'une pièce à l'autre.

Il lui arrivait de dormir pendant douze ou quatorze heures par jour, puis de se réveiller tellement fatiguée qu'elle devait ensuite se recoucher.

Carla et son mari allèrent voir un généraliste et une infirmière deux fois au cours de ce mois, mais sans qu'un diagnostic ou des analyses ne soient faits.

Des douleurs passagères lui traversaient les os.

Son médecin hasarda une explication.

Peut-être était-ce une migraine, et elle conseilla à Carla de prendre de l'aspirine.

Cela ne fit qu'aggraver les saignements de ses gencives.

Sociable et dynamique, Carla était plus troublée que réellement inquiète par les manifestations passagères de sa maladie.

Elle n'avait jamais été sérieusement malade.

L'hôpital était quelque chose d'abstrait pour elle, elle n'avait jamais rencontré un spécialiste, encore moins un oncologue.

Pour expliquer ses symptômes, elle s'imagina diverses causes comme le surmenage, une dépression, une dyspepsie, une névrose ou l'insomnie.

Quelque chose de viscéral en elle, un septième sens, disait cependant à Carla que quelque chose de grave mijotait en elle.

Dans l'après-midi du 19 mai, Carla confia ses trois enfants à une voisine, se rendit toute seule à la clinique, et demanda à faire un bilan sanguin.

Son médecin lui prescrivit un examen de routine de sa numération sanguine.

Quand l'infirmier lui préleva son sang, il le fixa du regard, manifestement intrigué par sa couleur.

Le liquide qui sortait de la veine de Carla était pâle, dilué, ressemblant plus à de l'eau qu'à du sang.

Carla attendit le reste de la journée sans avoir aucune autre nouvelle.

Le lendemain matin, elle faisait ses courses chez le poissonnier quand elle reçut un coup de fil.

« Nous devons vous faire une nouvelle prise de sang, dit l'infirmier de la clinique.

— Quand puis-je passer ?

» demanda Carla qui réfléchissait au programme chargé de sa journée.

Elle se rappelle avoir regardé l'horloge murale du magasin.

Une grosse tranche de saumon était en train de se réchauffer dans son sac et elle ne devait pas y rester trop longtemps.

Finalement, Carla ne se souvient de sa maladie qu'à travers des détails de la vie courante comme l'horloge, le partage de la voiture, les enfants, un tube de sang pâle, une douche reportée, le poisson au soleil, le ton plus pressant de la voix au téléphone.

« Venez maintenant, pense-t-elle avoir entendu.

Venez maintenant.

J'eus connaissance du cas de Carla le 21 mai à 7 heures dans le train qui filait de Kendall Square vers Charles Street à Boston.

Le texte qui clignotait sur mon bip à l'allure obstinée d'une vraie urgence médicale : Carla Reed / Nouvelle patiente avec leucémie / 14e étage / À voir dès votre arrivée SVP.

Alors que le train sortait d'un long tunnel obscur, les tours vitrées du Massachusetts General Hospital apparurent soudain et je pus y voir les fenêtres des chambres du 14e étage.

Je devinai que Carla était assise dans l'une d'elles, dans une terrifiante solitude.

Hors de la pièce, l'agitation frénétique du service avait probablement démarré.

Des tubes de sang circulaient entre cet étage et celui du laboratoire d'analyses au deuxième.

Les infirmières portaient des échantillons, les internes recueillaient les données pour le rapport du matin, des alarmes se déclenchaient, des documents étaient envoyés.

Quelque part dans les profondeurs de l'hôpital, on allumait un microscope, et on faisait la mise au point sur les cellules sanguines de Carla.

Je peux être relativement sûr de tout cela car l'arrivée d'un patient avec une leucémie aiguë fait encore vibrer tout l'hôpital, de ses services de cancérologie situés aux derniers étages jusqu'à ses laboratoires d'analyses perdus dans les sous-sols.

La leucémie est un cancer des globules blancs, un cancer dans sa forme la plus violente et la plus fulgurante.

Comme l'une des infirmières du service aimait souvent le rappeler aux patients, avec cette maladie « même une petite coupure avec une feuille de papier est une urgence ».

Pour un oncologue en formation, la leucémie est aussi une forme particulière du cancer.

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  • L'Empereur de toutes les maladies: Une biographie du cancer ( recorded by LOUPAU ), unspecified accent

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