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Chika
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Le Penseur, Auguste Rodin, l’autodidacte
L’artiste
Issu d’un milieu modeste, Rodin est un autodidacte
qui ne doit rien à personne. Refusé trois fois aux
Beaux-Arts, il travaille d’abord à 18 ans comme
maçon d’art. Au service d’autres sculpteurs, il
dégrossit les pierres, les membres des corps et
réalise des ornements. Pendant près de vingt
ans, il connaîtra des difficultés matérielles et ne
participera à aucun salon.
Sa découverte du peintre-sculpteur Michel-Ange
en Italie (1876) marquera un tournant. De retour
à Paris, il présente L’Âge d’airain (1877). Cette
œuvre grandeur nature provoque un scandale.
Son réalisme parfait vaut alors au sculpteur
d’être accusé de surmoulage. Cette affaire aura
cependant le mérite de le révéler auprès du
grand public.
S’ensuit une période de production foisonnante.
Il réalise le Saint Jean Baptiste (1878), La Porte de
l’enfer (1880-1888), Monument à Victor Hugo (1890),
Les Bourgeois de Calais (1889)… À travers les corps,
Rodin exalte à la fois le mouvement, la volupté,
la sensualité, la force, la douleur et la passion.
Pour ce faire, il n’hésite pas à exagérer et à prendre
des libertés avec la réalité. Dans le Monument
à Balzac (1891-1897), le visage de l’écrivain est
déformé par des boursouflures et des crevasses
censées exprimer l’épreuve de la création. Dans
Le Penseur, le coude droit repose sur le genou
gauche. Une position anormale, impossible
à tenir, mais qui donne à la sculpture tout son
mouvement. Cette liberté totale du sculpteur,
qu’on qualifiera d’« expressionniste », choquera
nombre de ses contemporains. Pour autant, il réussira à imposer son style novateur, y compris
auprès de l’État, qui lui commandera plusieurs
œuvres. Cet épanouissement artistique correspond
dans le temps à sa relation avec la sculptrice
Camille Claudel, qui devient son assistante, sa
muse et sa maîtresse. De leur passion naîtront
de nombreuses sculptures, notamment celles
des couples enlacés, tel Le Baiser (1882).
La décennie 1890 verra le succès international
de l’artiste français, lequel parcourra le monde
avec ses expositions : Cologne, Prague, Londres,
etc. À la fin de sa vie, Rodin installera son atelier
à l’hôtel Biron, à Paris. Un atelier qui deviendra le musée Rodin.

L’œuvre
C’est probablement l’une des sculptures les plus
célèbres qui soient. Grand, petit, en plâtre ou
en bronze : plus de vingt exemplaires du Penseur
sont aujourd’hui répartis dans les musées de
la planète. D’où vient cette œuvre ? Comment
a-t-elle germé dans l’esprit du sculpteur ?
La figure du Penseur provient de la fresque de
La Porte de l’enfer. Placé en son sommet, il observe
le gouffre du purgatoire, où des personnages
humains expient leurs péchés.
En 1884, Rodin sort cette sculpture de la fresque
et en fait une œuvre à part entière, dont
la popularité va vite s’accroître. Pourquoi cet
homme à l’allure tourmentée fascine-t-il tant ? Tout d’abord, cette sculpture est novatrice.
Jusqu’à Rodin, la pensée était représentée sous
forme d’allégories, comme avec la déesse
Minerve pour les Romains. Avec Le Penseur,
l’artiste rompt avec cette tradition. La pensée
est désormais un homme réel qui réfléchit.
Par ailleurs, cette œuvre intrigue : ce Penseur
a un corps d’athlète, celui d’un homme d’action.
Pourquoi une telle puissance musculaire sur
un corps censé incarner le monde de l’esprit ?
«Mon idée, expliquait Rodin, a été de représenter
l’homme rude et laborieux, qui s’arrête au milieu
de sa tâche pour penser aux choses, pour exercer
une faculté qui le distingue des brutes. »
Enfin, la position du corps est d’un expressionnisme
révolutionnaire. Avec son dos courbé, ses épaules resserrées, ses pieds crispés, ce Penseur incarne
la tension parfois douloureuse de la réflexion.
Ce n’est plus la sculpture qui domine le cercle
de l’enfer. Ce Penseur est un être de souffrance,
qui s’élève par sa joie rugueuse de réfléchir,
de chercher et de connaître…
Exposé lors d’un salon à Paris
en 1904, Le Penseur
sera moqué par une partie de la critique :
« C’est une brute énorme, un gorille, un Caliban
,
stupidement obstiné, qui rumine une vengeance. »
Cela n’empêchera pas l’œuvre d’être installée
devant le Panthéon à Paris, en 1906. Elle sera
toutefois déplacée en 1922 pour orner les jardins
du musée Rodin, dans la capitale, où elle se trouve
toujours.

1
Salon de la Société nationale des beaux-arts à Paris.
2
Personnage monstrueux de la pièce La Tempête, de William
Shakespeare.

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