Natural speed please
Le cinéma est un art impur. Il est bien le plus-un des arts, parasitaire et inconsistant. Mais sa force d’art contemporain est justement de faire idée, le temps d’une passe, de l’impureté de toute idée. […] Il est le septième art en un sens tout particulier. Il ne s’ajoute pas aux sept autres sur le même plan qu’eux, il les implique, il est le plus-un des six autres. Il opère sur eux, à partir d’eux, par un mouvement qui les soustrait à eux-mêmes.” [1]
Affirmer ainsi aujourd’hui l’impureté de l’art du cinéma a un caractère absolument novateur.
Il faut bien voir cependant que l’impureté du cinéma est un vieux débat, aussi vieux que l’art du cinéma, discussion dans laquelle le concept de pureté intervient chaque fois qu’il y a en réalité suture du cinéma à un seul art. (Dès 1910, il existe des théoriciens d’un “cinéma pur” : un cinéma “plastique”, “extra-théâtral” et “extra-littéraire”). mais ce qui fait massivement question, c’est l’impureté comme telle : quels rapports le cinéma entretient-il avec les autres arts ? comment ? Dès 1922, Elie Faure se prononce ainsi : “Le cinéma ne doit pas être considéré comme une succursale du théâtre. S’il est d’abord “plastique” il tendra toujours plus à se rapprocher de la musique”. [2] Le débat prendra un nouvel essor à l’arrivée du cinéma sonore, mais sans pourtant en modifier les termes essentiels. Pour Elie Faure, s’il existe un danger propre à l’avènement du son, il souligne que ce péril était déjà là, qu’un dialogue explicatif est aussi nocif que, souvent, la légende des intertitres. En 1934, il écrit une nouvelle déclaration d’impureté, plus précise, plus radicale : le cinéma”s’est trop rapproché du théâtre, s’éloignant d’autant de la sculpture, de la peinture, de la musique et de la danse qu’il doit se garder de perdre de vue, car elles lui interdisent, sous peine de mort, de jamais oublier la forme, le passage, le rythme et le mouvement”. [3] Le cinéma est irréductiblement impur, cela engage son existence : l’impureté ou la mort.
Sorry I forgot to read the numbers :( !