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Tati
437 Words / 2 Recordings / 0 Comments
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c'est pour un enfant

En passant par Bordeaux
Émerveillé, Rémi découvre que son maître Vilalis a connu un roi lorsqu’il était jeune.
EN QUITTANT le sol desséché des causses et des garrigues, je me trouve, par le souvenir, dans une vallée toujours fraîche et verte, celle de la Dordogne.
[...] Longtemps nous avions marché sur une route poudreuse. Tout à coup nos regards, jusque-là enfermés dans un chemin que bordaient des vignes, s’étendirent librement sur un espace immense, comme si un rideau, touché par une baguette magique, s’était subitement abaissé devant nous. Une large rivière s’arrondissait doucement autour de la colline sur laquelle nous venions d’arriver. Au-delà de cette rivière, les toits et les clochers d’une grande ville s’éparpillaient jusqu’à la courbe indécise de l’horizon.
Que de maisons ! que de cheminées ! Sur la rivière, au milieu de son cours et le long d’une ligne de quais, se tassaient de nombreux navires. Comme les arbres d’une forêt, ils emmêlaient les uns dans les autres leurs mâtures, leurs cordages, leurs voiles, leurs drapeaux multicolores, qui flottaient au vent. « C’est Bordeaux », me dit Vitalis.
Pour un enfant élevé comme moi, qui n’avait vu jusque-là que les pauvres villages de la Creuse, ou les quelques petites villes que le hasard de la route nous avait fait rencontrer, c’était féerique.
« C’est l’heure de la marée, me dit Vitalis, répondant, sans que je l’eusse interrogé, à mon étonnement. Il y a des navires qui arrivent de la pleine mer, après de longs voyages. Ce sont ceux dont la peinture est salie et qui sont comme rouillés. Il y en a d’autres qui quittent le port : ceux que tu vois, au milieu de la rivière, tourner sur eux-mêmes sur leurs ancres de manière à présenter leur proue au flot montant. Ceux qui courent enveloppés dans des nuages de fumée sont des remorqueurs. »
Que de mots étranges pour moi ! Que d’idées nouvelles !
[...] Nous avons quitté Bordeaux. Après avoir tout d’abord suivi les bords de la Garonne, nous avons abandonné la rivière à Langon et nous avons pris la route de Mont-de-Marsan, qui s’enfonce à travers les terres.
Plus de vignes, plus de prairies, plus de vergers, mais des bois de pins et des bruvères.
« Nous voici dans les Landes, dit Vitalis. Nous avons vingt ou vingt-cinq lieues à faire au milieu de ce désert. Mets ton courage dans tes jambes. »
C'était non seulement dans les jambes qu’il fallait le mettre, mais dans la tête et le cœur, car, à marcher sur cette route qui semblait ne devoir finir jamais, on se sentait envahi par une insurmontable tristesse.

Recordings

  • En passant par Bordeaux ep 6 ( recorded by lavandier ), unspecified accent

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    En passant par Bordeaux
    Émerveillé, Rémi découvre que son maître Vitalis a connu un roi lorsqu’il était jeune.
    EN QUITTANT le sol desséché des causses et des garrigues, je me trouve, par le souvenir, dans une vallée toujours fraîche et verte, celle de la Dordogne.
    [...] Longtemps nous avions marché sur une route poudreuse. Tout à coup nos regards, jusque-là enfermés dans un chemin que bordaient des vignes, s’étendirent librement sur un espace immense, comme si un rideau, touché par une baguette magique, s’était subitement abaissé devant nous. Une large rivière s’arrondissait doucement autour de la colline sur laquelle nous venions d’arriver. Au-delà de cette rivière, les toits et les clochers d’une grande ville s’éparpillaient jusqu’à la courbe indécise de l’horizon.
    Que de maisons ! que de cheminées ! Sur la rivière, au milieu de son cours et le long d’une ligne de quais, se tassaient de nombreux navires. Comme les arbres d’une forêt, ils emmêlaient les uns dans les autres leurs mâtures, leurs cordages, leurs voiles, leurs drapeaux multicolores, qui flottaient au vent. « C’est Bordeaux », me dit Vitalis.
    Pour un enfant élevé comme moi, qui n’avait vu jusque-là que les pauvres villages de la Creuse, ou les quelques petites villes que le hasard de la route nous avait fait rencontrer, c’était féerique.
    « C’est l’heure de la marée, me dit Vitalis, répondant, sans que je l’eusse interrogé, à mon étonnement. Il y a des navires qui arrivent de la pleine mer, après de longs voyages. Ce sont ceux dont la peinture est salie et qui sont comme rouillés. Il y en a d’autres qui quittent le port : ceux que tu vois, au milieu de la rivière, tourner sur eux-mêmes sur leurs ancres de manière à présenter leur proue au flot montant. Ceux qui courent enveloppés dans des nuages de fumée sont des remorqueurs. »
    Que de mots étranges pour moi ! Que d’idées nouvelles !
    [...] Nous avons quitté Bordeaux. Après avoir tout d’abord suivi les bords de la Garonne, nous avons abandonné la rivière à Langon et nous avons pris la route de Mont-de-Marsan, qui s’enfonce à travers les terres.
    Plus de vignes, plus de prairies, plus de vergers, mais des bois de pins et des bruvères.
    « Nous voici dans les Landes, dit Vitalis. Nous avons vingt ou vingt-cinq lieues à faire au milieu de ce désert. Mets ton courage dans tes jambes. »
    C'était non seulement dans les jambes qu’il fallait le mettre, mais dans la tête et le cœur, car, à marcher sur cette route qui semblait ne devoir finir jamais, on se sentait envahi par une insurmontable tristesse.

  • En passant par Bordeaux ep 6 ( recorded by bhauck ), Français, Anglais

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