French Script Request

Alors, le répertoire de la guitare classique est très vaste et on peut en être fier. J'ai essayé autant que possible, à travers mes concerts ou mes enregistrements, de le mettre en valeur. Que ce soit des oeuvres qui soient d'époque classique, Renaissance, plus anciennes ou des oeuvres modernes.. A chaque fois, j'essaie d'être... d'aller à la source de chaque oeuvre pour en comprendre le sens profond.
En fait, quand je compose une pièce, je me mets dans un état d'esprit qui correspond à l'humeur que je veux développer dans cette pièce. Donc ça peut être un tableau. Ca peut être quelque chose de très très très intime, une sensation infime que j'essaie d'élargir le plus possible en moi et de la retranscrire de façon musicale. Et ce qui est très dur c'est de rester dans cette sensation et de ne pas s'en aller. Quand on compose une pièce pour rester dans le sujet. Ca, c'est très important. Donc chaque pièce a une humeur particulière, a une couleur particulière. C'est assez cinématographique. Je suis un grand cinéphile. Donc c'est toujours un climat assez fort et des ambiances assez fortes.
Ce qui m'importe dans la musique que je joue c'est de toujours trouver du sens. Un sens musical profond. C'est très important que... On dit parfois que chaque note doit avoir du sens et doit avoir une raison d'être. Mais en fait, c'est pas exagéré, c'est vrai. C'est même essentiel. Quand on joue en concert, on essaie. Bien sûr, parfois il peut y avoir des difficultés qui font qu'on n'est pas complètement satisfait, ça arrive évidemment. Mais on essaie d'être toujours le plus sincère possible et de donner un sens profond à ce que l'on joue.
Y a une oeuvre qui s'appelait Cavalcade qui était sur mon... Une partie de cette oeuvre était sur mon premier album qui s'appelle L'Ermite Voyageur. Et c'était une pièce pour guitare seule. Mais bon, elle a pas trop marqué les esprits. Et quand j'ai rencontré Jérémy il y a quatre ans, je me suis permis de lui donner le score de cette composition.
Deux jours après, il m'appelle, il me dit: "C'est super, je vais la prendre dans mon répertoire."
Et là pour moi, ça a été le début de cette aventure. Après il m'a dit: "Ecoute, ça marche très bien sur scène. J'adore la jouer. Le public adore. J'aimerais que tu m'en fasses une deuxième si ça te dit." J'ai composé une pièce lente, "Nocturne n°1", puis "Nocturne n°2" et puis d'autres pièces qui sont venues. A partir de ce moment là, il y a d 'autres guitaristes qui m'ont contacté. Et j'ai composé pour eux aussi des choses. Mais mon..le guitariste qui m'inspirait c'était Jérémy. On est vraiment complémentaires tous les deux aussi bien humainement que musicalement. Et donc au fur et à mesure, je m'inspirais du jeu de Jérémy. Moi, ce qui m'a tout de suite plu, c'était la profondeur de son jeu: la gestion de la note, du son, du silence entre les notes, de poser, de retarder à chaque fois certaines notes et pas d'autres. Pour moi, je redécouvrais mes compositions.
Oui, j'ai toujours eu un droit de regard complet, hein. Il m'a proposé des oeuvres. Il me disait "Ah j'ai écrit quelque chose." ou "Je suis en train d'écrire quelque chose." Souvent il me montrait ou il me montre, d'ailleurs, puisque ça continue.... Il me montre... Là tout à l'heure, il m'a encore montré une pièce nouvelle qu'il a écrite et qu'il est en train d'écrire. Donc il me montre une première étape de son travail et je lui dis mes impressions. Mais bon... Il se trouve que j'aime énormément sa musique. C'est une musique qui me parle profondément. Je trouve qu'elle est toujours très inspirée. Et de la première à la dernière note, il y a quelque chose de très fort à exprimer. Pour moi, c'est un projet qui est vraiment important ; un projet personnel, en fait, qui est venu peut-être au bon moment puisque ça fait depuis toujours que je suis très curieux des différentes musiques, de cette ouverture. J'adore la musique classique plus que tout mais je suis également très curieux des autres musiques. J'adore le jazz. J'ai étudié la musique indienne. La musique classique indienne, c'est aussi ce qui nous a rapprochés avec Mathias puisqu'il travaille beaucoup en Inde. Et voilà, tout ça s'est fait de manière très évidente, en fait. Cette idée de l'album, ça a été très évident pour nous. Je suis très heureux d'avoir partagé ce documentaire avec Paris Guitar Foundation. C'est pour ça que j'ai souhaité vous montrer... Partager, en tout cas, cet endroit de Paris qui est un endroit dans lequel je viens souvent. Je viens un peu plus tard que cette heure-ci encore, même s'il est déjà presque minuit. Voilà, je viens un petit peu admirer la ville, prendre un peu de recul aussi, par rapport à la vie d'un musicien qui est quand même très occupée, très agitée, souvent. Et j'avais envie de la partager avec vous et je vous félicite de cette nouvelle association, de cette nouvelle dynamique qui nous fera beaucoup de bien, je pense.