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oli_enot
Complete / 2246 Words
by Cledeschamps 0:00 - 01:10

Le féminisme, ça a longtemps été un truc de femmes. Wouhou! D'ailleurs, c'est complètement logique, parce qu'on est quand même les premières concernées. Mais j'aimerai bien voir s'il y a des femmes dans la salle ce soir. Faites du bruit s'il vous plaît. Wouhou! Ok, génial, super, on a des femmes c'est top. Bon bah qu'est ce qu'on fait des homes maintenant? Est de qu'ils sont concernés, est-ce qu'ils ont le droit d'être féministes? Je suis féministe et entrepreneur dans la mode. Entrepreneur depuis l'année dernière et féministe depuis toujours. Parce que ça m'a toujours semblé incompréhensible que les femmes aient moins de reconnaissance, moins de liberte juste pour une affaire de sexe. Alors être féministe pour moi, ça a toujours été très naturel.

by Pierrot 01:10 - 02:38

Par contre, ce qui était beaucoup moins naturel, c'était...En tant que féministe, comment je peux interagir avec les hommes ? Est-ce que j'ai besoin d'eux ? Est-ce qu'ils peuvent être utiles à la question ? Non, hein. Quand j'étais petite en tout cas,la réponse était : « Non »voire carrément : « Bien sûr que non. » Démonstration : les garçons ont le droit de faire plus de choses. Pourtant, ils ont de moins bonnes notes, c'est prouvé. Les politiques, c'est tous des hommes aux cheveux gris, pourtant si j'en crois les cours d'histoire, les hommes aux cheveux gris ont clairement fait n'importe quoi sur 2 millénaires et particulièrement au cours du dernier siècle. Quand un modèle ne fonctionne pas, on le remplace. CQFD. Mais qu'est-ce qu'on attend pour remplacer les hommes par les femmes ? Voilà, là j'étais dans ma période « féminisme anti-homme » qui s'est nourrie à la fois d'une volonté de revanche historique et aussi d'un profond sentiment d'injustice qui a commencé dès la cour de récré. Pourquoi les garçcons ils ont le droit de faire la bagarre et pourquoi moi je peux pas leur mettre une giffle quand aujourd'hui le jeu des bisous forcés, ça m'amuse pas du tout ?

Pourquoi les adultes, ils trouvent ça normal ces différences ? Et pourquoi on me dit tout le temps :« Marie, calme-toi. C'est normal, c'est un garçon. Ça fait ça, un garçon. » Ah ouais ? Bah c'est nul. Ce genre d'argument fataliste : « C'est normal, ça fait ça, un garçon », je l'ai beaucoup entendu. Trop entendu.

by Efflam29 02:38 - 6:12

Et à côté de ça mes deux parents étaient psys, alors c'était un peu leur boulot de demander pourquoi. Donc moi aussi j'ai appris à poser des questions, mais ça ne suffisait pas. Je voulais remettre les choses en question. Et en fait j'avais envie de changer le monde.
Alors quand j'avais 17 ans, j'ai quitté l'internat, j'ai quitté la Bretagne, j'ai intégré Sciences Po. J'ai beaucoup travaillé, j'ai beaucoup fait la fête aussi, et je me suis découverte bisexuelle. Ça n'a pas été simple tout de suite, sur tous les plans, loin de là. Mais au moins sur le plan du féminisme, c'était carrément plus simple. A cette époque-là, les mecs, c'était des potes ou des sex-toys.Bon, je crois qu'il y en a qui n'ont pas l'air de trouver ça très très cool. Et je suis d'accord avec vous, hein, c'est pas cool. C'est pas cool de prendre quelqu'un pour un objet.
Mais c'est aussi ce que j'ai vécu, comme plein d'autres filles de 20 ans. Dans la rue, en soirée, en vacances, au quotidien. Alors l'accepter, en jouer, finalement c'était plus simple, plus fort et presque une manière de rééquilibrer les choses. C'était ma période "féminisme sans les hommes". Bon bien sûr j'ai pas choisi de tomber amoureuse d'une femme, ni la première fois ni la suivante, par contre j'ai choisi de m'approprier la culture LGBT et j'ai découvert un monde où de fait, les gens sont plus amenés à se poser des questions sur ce que ça veut dire le genre, le sexe, la sexualité; qu'est-ce que ça veut dire qu'être un homme, une femme. C'est quelque chose qui m'a énormément nourrie, énormément intéressée.
Je m'y suis d'abord intéressée toute seule sur Internet en lisant, et puis à New-York avec ma copine de l'époque qui était américaine d'origine asiatique. Donc là j'ai découvert le concept d'intersectionnalité. A Paris aussi on était en pleine période "mariage pour tous", alors j'ai intégré une asso, c'était un combat hyper important pour moi, et j'ai évolué comme ça, quelques années.
Et puis comme on ne choisit toujours pas de qui on tombe amoureux, j'ai fini par m'attacher à un homme. C'était pas du tout prévu, hein, et ça s'est super mal passé, d'ailleurs je l'ai trop mal vécu, mais on va arrêter là parce que ça commence à faire un peu long côté "quête identitaire", et surtout, j'avais plus urgent à gérer à cette époque-là, dans le registre des crises existentielles :
Eh ben "je suis diplômée, je fais quoi ?". Alors d'abord j'ai fait de la pub et en parallèle j'ai pris des cours du soir en stylisme et en couture, et je me suis rendue compte à quel point la mode avait besoin qu'on change les modèles. Qu'on présente des modèles de féminin au pluriel, des femmes qui ont des choses à dire, des histoires à raconter, qu'on en finisse avec les mannequins qui sont là pour faire joli et point, en taille 34 et demi toutes mouillées tant qu'à faire, retouchées si besoin. Fini tout ça.
C'est pour ça que j'ai créé ma marque, Ypsylone, que je me suis lancée dans le prêt-à-porter féminin, et paradoxalement c'est aussi à ce moment-là que je suis rentrée dans la phase "féminisme avec les hommes". Déjà, y en a plein que j'ai pas envie de mettre dans la case "tous les mêmes". Y a mon frère, y a des copains, y a des collègues, des mentors, des hommes qui ont envie d'aider, qui m'ont aidée, mais qui ne peuvent pas avoir les clefs si on ne leur donne pas, et qui ne peuvent pas se dire féministes si, de base, ils ont l'impression d'en être exclus. Alors OK, chacun son combat. Mais il faut savoir vulgariser et rassembler si on veut que ça marche.
J'ai aussi retenu les leçons de ma période "féminisme sans les hommes"; en ayant exploré mon identité fluctuante, en faisant la paix avec le masculin autour de moi, en moi aussi. Pour être tout-à-fait honnête j'y travaille encore un peu mais au moins j'ai compris que, fondamentalement, on avait le même problème.

by AmeliaAmelia 6:12 - 8:01

Le problème, c'est pas la domination masculine, c'est la domination d'un modèle genré, binaire, qui enferme tout le monde, els hommes et les femmes. Alors mettre les hommes de coté en disant "nan mais, les hommes, ils ont des privilèges ils ne s'en rendent même pas compte heu, ils se comportent trop mal, ils sont pas fichus de comprendre ceci cela..." ouais, ça fait du bien de râler, mais ça nourrit surtout l'idée que le féminisme c'est notre problème et pas le leur. Alors quand un mec me demande aujourd'hui si je pense que le féminisme est toujours utile, croyez-moi, ça arrive encore très souvent dans ma vie pro et perso, j'ai envie de lui dire "mais oui, mais oui c'est utile le féminisme. C'est utile sur le plan des écarts de salaire, des standards de beauté, du harcèlement de rue, il y a encore tellement de choses à changer. Le féminisme c'est utile pour moi, mais c'est aussi utile pour toi. Parce que si les femmes sont toujours ramenées à ce stéréotype de douceur, toi tu seras toujours cantonné à ce devoir de virilité. Si les femmes sont automatiquement les victimes, tu seras automatiquement l'oppresseur, le coupable. Et si on continue à définir tout le temps les femmes en opposition aux hommes, ben on s'en sort pas. Et sortir de l'opposition, mettre tout le monde d'accord, en général ça passe pas une définition commune. Et là je crois qu'on a un sacré souci parce qu'on est en 2016 et que le mot "féminisme" fait encore peur à un très grand nombre d'hommes et de femmes. Pourtant, je suis persuadée que c'est surtout un énorme malentendu. Vous connaissez Emma Watson, n'est-ce pas? Ok, cool. Bon, pour ceux qui ne la connaitraient pas, c'est l’actrice qui jouait Hermione dans Harry Potter, elle a intégré l'Onu femmes, elle a lancé un mouvement qui s'appelle "he for she" et elle a fait un discours extraordinaire sur l'égalité hommes-femmes. On aurait pu penser que définir le féminisme par l'égalité ça aurait mis tout le monde d'accord. C'est quand même une valeur plutôt sympa et consensuelle. Mais sauf qu'en fait non.

by sandrine95 8:01 - 9:44

Si comme moi vous êtes féministe, vous avez forcément déjà eu ce type de réaction :
"Ah ouais le féminisme, c'est les gens qui sont pour l'égalité homme-femme, c'est ça ? Ouais, pffff... Moi je ne suis pas sûre d'être féministe, tu sais, j'ai pas envie qu'on soit tous pareils, c'est triste... Et puis après quoi on a tous des bites, on se met à chronométrer le temps passé en cuisine, les hommes ont peur de nous ouvrir les portes... Non franchement nos différences et la poésie, "c'est génétique", tout ça... Faut pas oublier que biologiquement c'est naturel, on est différents."
OK, la poésie, la biologie, très bien. Euh, bon. Je trouve toujours ça un petit peu facile d'invoquer l'argument d'autorité "nature et biologie" quand ça nous arrange et de le mettre de côté quand ça nous arrange pas. Mais au fond, moi non plus je ne suis pas pour l'égalité homme-femme. Bien sûr, je ne suis pas pour l'inégalité. Mais pour moi, le féminisme, c'est pas une question d'égalité. C'est une question de liberté. D'ailleurs je devrais proposer cette définition à Emma Watson.
Ca vous dit si on le fait tout de suite, là maintenant, ensemble, on fait comme si on lui écrivait une lettre ?
"Emma, faut que je te dise vraiment : merci. Si tu savais à quel point ça fait plaisir de voir un nouveau féminisme, incarné par quelqu'un d'accessible, cool, et sexy. Et oui, j'ai bien dit : cool et sexy, parce que mine de rien, l'image, ça compte, et le féminisme aujourd'hui a aussi un problème d'image. D'ailleurs Emma, ce serait tellement cool d'avoir une version française de toi. Tu l'auras compris, je suis une grande fan. Mais passons aux choses sérieuses, il faut vraiment qu'on parle de cette définition du féminisme par l'égalité. L'égalité, ça suppose systématiquement une comparaison et une mesure. On est égal à quelqu'un par rapport à un standard.

by sandrine95 9:44 - 12:54

Donc ça part d'une très bonne intention, mais ça met systématiquement les femmes d'un côté et les hommes de l'autre. Moi je suis tout le temps ramenée dans ma case de femme, je suis une femme, point. Les hommes évidemment sont placés au-dessus, et ils ont l'impression de devoir lâcher du lest, nous accorder des places dans les conseils d'administration, faire attention quand ils font des blagues (faudrait pas être trop macho), faire des efforts sur les enfants, les tâches ménagères... Et nous, il faut qu'on aille chercher, qu'on aille demander qu'on nous accorde les mêmes choses, les mêmes traitements, le même statut, les mêmes standards.
Moi franchement, les politiques RH de mixité qui font joli dans les rapports RSE, l'égalité artificielle, les quotas, tout ça, ça ne me parle pas du tout.
Alors au fond, je m'en fiche d'avoir autant qu'un homme. Ce qui m'intéresse c'est d'être libre dans l'absolu.Je veux pas être une femme égale, je veux être une femme libre. Je veux sortir des stéréotypes de genre qui enferment tout le monde : les femmes et les hommes. Bien sûr dans certains pays où l'égalité, l'accès à l'école ou au droit de vote n'est même pas assuré, bien sûr l'égalité en droits c'est la base. Mais quand j'en parle ici en France avec des copains, je vois surtout un énorme amalgame entre égalité et égalitarisme.
D'ailleurs Emma tu constateras - oh bah Emma a disparu ! oh bah dommage. Emma constatera que c'est un problème français qui dépasse le féminisme. Toujours est-il que le socle juridique de l'égalité, aujourd'hui il est là. Ce dont on a besoin c'est de changer les mentalités pour qu'on soit tous plus libres : les femmes et les hommes. Point.
Non, en fait j'oubliais quand même un petit PS. à Emma : "Emma, en général j'aime bien débattre autour d'un verre de vin, et si ton copain féministe Justin Trudeau est dispo, il est aussi cordialement invité. Voilà."
Maintenant, c'est à vous de choisir. A vous de choisir la définition qui vous convient. Liberté, égalité, tout casser. Peu importe. Une définition, c'est pas un combat en soi, c'est une manière de rassembler et de se mettre d'accord. Comme vous avez vu, j'ai mis un petit peu de temps et plusieurs périodes de féminisme pour comprendre que fondamentalement, le féminisme devait être un combat, un mouvement unisexe, et c'est pour ça que je vous propose aujourd'hui une nouvelle définition du féminisme, qui passe avant tout par la liberté. Parce qu'on n'a pas d'un côté ceux qui sont déjà le standard de l'égalité, et celles qui doivent le rattraper. On a tous à gagner à être plus libres.
Je peux quand même pas vous quitter comme ça sans vous faire une dernière confession, et sans m'adresser plus particulièrement à vous, Messieurs. Je voudrais qu'on soit bien clairs. Les hommes, je ne vous comprends toujours pas.Vraiment, vraiment pas, mais je vous aime quand même, et je défendrai votre liberté autant que la mienne.
Merci.

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