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French Script Request

bakhtiyark
Complete / 698 Words
by wacissa 0:00 - 0:04:44

Corinne Delvaux plonge maintenant au cœur d'une petite mythologie française.

Je vais vous énoncer une petite phrase qui fera immédiatement sourire tous les Français, et qui laissera les Allemands de glace : " My tailor is rich ". Oui, c'est de l'anglais. Mais il faut le prononcer à la française, " Maille télore ize riche ".

" Et alors ? ", disent les Allemands. " Qu'est-ce que ça peut bien faire, que mon tailleur soit riche ? "
Voilà. Ils ne savent pas, eux.
Ils ne savent pas que cette phrase, apparemment anodine, appartient à la communauté des Français, qu'elle fait partie de ces petites phrases qui soudent les liens sur lesquels se bâtissent les complicités culturelles.

" My tailor is rich ", c'est la première phrase de la méthode Assimil. Une méthode pour apprendre les langues à son rythme, à raison dit-on d'une demi-heure par jour.

Bon. Assimil, c'est l’œuvre d'un certain Alphonse Chérel, natif de Rennes, qui poussé par la curiosité, arpente l'Europe au début du XXème siècle, de Londres à Moscou en passant par Berlin, et en revient polyglotte.
Il bricole sa méthode seul dans son coin et, chose assez révolutionnaire pour l'époque, il la base sur des phrases de la vie quotidienne et non plus sur des textes littéraires.
Il ajoute une dose d'humour, confortée par les petits dessins d'un certain Pierre Soymier.

_L'anglais sans peine_ sort en 1929, et le succès ne tarde pas à venir. Les Français commencent à voyager, le monde des affaires se tourne vers l'international, et l'anglais devient indispensable. La France apprend " my tailor is rich, but my English is poor. "

Suivrons, dans un premier temps, _L'espagnol sans peine_, _L'allemand sans peine_, _Le russe sans peine_, _L'italien sans peine_, enfin, les grands classiques. Assimil s'étendra ensuite à toutes les langues du globe, sans oublier le basque ni le breton, et intégrera au fil du temps disques vinyle, cassettes et mp3 à sa méthode.
Pour tenter de résister à ses concurrents, Assimil a tout fait pour se moderniser. Pourtant, un petit charme désuet lui colle toujours à la peau.

Quand j'étais enfant, l'Assimil avec lequel ma mère avait appris ses rudiments d'allemand traînait à la maison. Nous nous amusions à déchiffrer les légendes des dessins, écrites en Sütterlin, l'ancienne écriture allemande. Les petits dialogues étaient restés ceux des voyageurs du début du siècle, et évoquaient davantage l'Orient-Express que les voyages en supersonique.

Tiens, à propos : _L'allemand sans peine_.
Le livre paraît en 1935, et il est d'une brisante actualité. Regardez ces dessins : ici, la légende dit " Je crois que mon ami Adolf m'a contaminé. "
Ou ici, le peintre chargé de reproduire à la chaîne les portraits du Fürher dit, " Je suis débordé de travail. "
Ambigu ? Pas ambigu ? Une chose est sûre, cet humour ne sera pas du goût de la Gestapo, et quand les Allemands occuperont Paris, il s'empresseront de mettre en prison le frère d'Alphonse Chérel, qui gère l'entreprise familiale. Enfin, pas trop longtemps : quatre mois. C'est que quand même, grâce à Assimil, les Français peuvent apprendre la langue des occupants.

Bon. Assimil fait donc partie du patrimoine français, et le fameux " My tailor is rich " en est l'emblème. Un très sérieux universitaire français prétend avoir trouvé 180 films et plus de 400 pièces de théâtre qui y font référence. Contentons-nous de citer quelques exemples.
Dans _Astérix chez les Bretons_, par exemple, Astérix et Obélix franchissent le détroit du Pas-de-Calais. Et nous ne coupons évidemment pas à la célèbre réplique. Elle est curieusement traduite mot à mot en allemand, ce qui en Allemagne ne fait pas grand sens, mais passons.
Dans le film _Le gendarme à New York_, Louis de Funès s'improvise professeur d'anglais, et bien sûr ...
" My tailor is rich "
Sachez aussi qu'un groupe de musique s'est donné pour nom " My Tailor is Rich ", tout comme une galerie d'art située à Arles.
Gageons que si " My tailor is rich " est resté si emblématique, c'est que malgré tous leurs efforts et ceux d'Assimil, les Français ont encore et toujours bien du mal à parler autre chose que le français.

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