Champs-Elysées, à la découverte de Paris
Depuis plusieurs mois, nous vous avons raconté l'histoire des plus beaux ponts de Paris. Dans les prochains numéros de Champs Elysées, nous vous proposons de découvrir un certain nombre de rues, boulevards, avenues, caractéristiques de la capitale. Auparavant, voici un état de lieux qui tient compte des premières décisions prises en la matière par la nouvelle équipe municipale en place depuis les élections municipales de mai 2001.
Pour Champs-Elysées, Véronique Bourré :
"En 2001, on dénombrait à Paris plus de 6000 rues. Avec l'arrivée de la gauche à la mairie, l'index des rues a commencé à changer. La nouvelle municipalité qui foisonne d'initiatives a déjà fait débaptiser certaines artères portant le nom de personnalités qui dérangent. C'est ainsi que, tout près de l'église de la Madelaine, la petite rue qui portait le nom du général esclavagiste Richpanse a été rabapitsée du nom de Chevalier de Saint George, un compositeur mulâtre. Le médecin eugéniste Alexis Carrel, déjà rayé du répertoire des rues de trois grandes villes de province, devrait aussi perdre sa rue dans la capitale. Enfin, un sort identique semble réservé à Villette, le dessinateur et affichiste du cabaret Le Chat Noir à Montmartre, menacé de perdre le square qui porte son nom à cause de ses prises de positions antisémites. Ce square pourrait prendre le nom de la révolutionnaire Louise Michel, de la pédopsychanalyste Françoise Dolto ou encore du sociologue Pierre Bourdieu, décédé en début d'année. Pendant sa campagne électorale, Bertrand Delanoë avait promis une place au nom de l'ancien président de la République, François Mitterrand, une voie Martin Luther King et des rues portant les noms de Barbara, Charles Trenet ou encore du sculpteur Alberto Giacometti et du peintre Balthus tous deux ayant longtemps vécu en France. Il a également l'intention de rendre hommage au fantaisiste Coluche et à l'ancien président Sénégalais Léopold Senghor. Pour pouvoir honorer toutes ces célébrités disparues, des carrefours, des allées et des bouts de quais ont été isolés et portent désormais les noms de Samuel Beckett, Maria Callas et Sartre Beauvoir. Pour l'historien de Paris, Alfred Fierro, il s'agit certes de lieux fantômes mais ils ont pour avantage de ne pas imposer de changement d'adresse postale qui se révèle pénible pour les riverains concernés. Dans son livre Histoire et mémoire du nom des rues de Paris, paru chez Parigramme, Alfred Fierro revient sur les avatars de plusieurs voies au cours des années. Par exemple, l'avenue Alexandre III a porté le nom de son successeur le Tsar Nicolas II avant de voir sa première identité lui être rendue. Depuis 1966, elle s'appelle Avenue Winston Churchill. L'histoire de la Russie peut d'ailleurs se lire dans le nom d'une rue du quartier de l'Europe dans le 8è arrondissement initialement baptisée rue de Saint Pétersbourg elle est devenue rue Petrograd en 1917 puis rue Leningrad en 1945 avant de redevenir rue de Saint Pétersbourg le 28 novembre 1991. Les noms géographiques représentent la plus grande part de la toponymie parisienne. Deux cent vingt-deux de ces noms concernent la France, 37 l'Italie et 21 l'Asie. Ce qui représente le 6è environ des quelques 6.000 rues de la capitale."