La hotte bien remplie, comme chaque année, le Père Noël boucle sa tournée. Fred part sur ses traces pour connaître les jouets les plus en vogue, les contrôles de sécurité auxquels ils sont soumis, et le succès qu'ils ont auprès des enfants. Jamy, lui, s'installe dans un grand magasin et analyse pour nous l'univers du jouet.
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Fabriqués en Chine ou en France, comment sont contrôlés les jouets ? Et quels tests subissent-ils pour répondre aux normes ? Nous irons dans une ludothèque, pour comprendre quel est le rôle du jeu dans le développement de l'enfant. Nous plongerons dans l'univers du jeu vidéo, qui remplit aussi chaque année la hotte du Père Noël.
Et pour commencer, partons à la découverte des nouvelles tendances.
- Bon Jamy, j'espère que tu as pensé à acheter tes jouets pour Noël, parce qu'en cette période ils se vendent comme des petits pains. Pour te donner une idée, en France chaque enfant commande en moyenne dix jouets au Père Noël. Et sur ces dix jouets, il en reçoit entre six et sept au pied du sapin. C'est énorme. En tout cas, ça fait de nous les plus gros consommateurs en la matière, en Europe, avec plus de 200.000.000 (deux-cent million) de jouets par an.
Les trains électriques et les circuits automobiles, c'est pas récent. Ca marche toujours à Noël ?
- Ah oui, c'est toujours des grands classiques de Noël parce que c'est des grosses boîtes, c'est des gros cadeaux, en même temps ça fait rêver, et puis ça fait rêver toutes les générations.
- Il faut quand même un renouvellement et des créations de jouets en permanence ?
- Oui, il y a 50% des jouets tous les ans qui sont nouveaux.
- 50% de jouets nouveaux?
- 50% de nouveautés tous les ans, qui apparaissent.
- Au moment de Noël ?
- Tout au long de l'année, et principalement à Noël. L'idée, pour les fabricants, voilà...
- Sortie de route..
- On est sortis de la route. Donc oui on a à la fois des créations et en même temps des renouvelles parce que pour les poupées, pour les voitures, pour tout un ensemble de jouets, il faut les relooker, il faut les mettre au goût du jour.
- Tiens parlons des toupies. Qu'est-ce qui fait que ça marche ? Une toupie, ça a toujours existé, les toupies.
- Ah bah ça existe depuis l'Antiquité égyptienne, donc c'est vraiment très très ancien. La particularité de ces toupies, c'est que ce sont des toupies de combat.
- Vous savez y jouer, vous ?
- Oui, on va jouer ensemble !
(- Allez y, faites nous une petite démonstration)
- Le principe, c'est qu'on a un lanceur et une toupie, voilà... et là, attention..
- C'est parti !
- Et là, si je veux la faire aller à droite, j'appuie sur le bouton.
- Donc elle est télécommandée, celle-ci.
- Voilà. Elle a une commande magnétique.
- Attention, j'arrive.
Deviner la tendance, ce n'est pas facile, mais livrer les cadeaux, ce n'est pas simple non plus. D'abord, parce qu'ils doivent être distribués un peu partout à la surface du globe, et ensuite parce que la livraison doit avoir lieu le 25 décembre précisément, pas la veille, et encore moins le lendemain. Ce qui, vous en conviendrez, laisse assez peu de temps au livreur. Heureusement, il y a la mécanique céleste. Une journée, vous le savez, dure 24 heures. C'est le temps nécessaire à la Terre pour faire un tour complet sur elle-même. Pour matérialiser cette course, et la position de chaque point du globe par rapport au Soleil, les hommes ont inventé les fuseaux horaires. Comme vous pouvez le constater, à un instant T, l'heure n'est pas la même partout. Quand il est midi à Paris par exemple, il est 7h à New York, 15h à Moscou. Et bien ce décalage horaire va être très utile pour la livraison.
Elle commence sur ce fuseau, celui sur lequel se trouve la Nouvelle Zélande. Ici parce que c'est à cette latitude que l'on bascule en premier du 24 au 25 décembre. Le livreur va balayer ce fuseau en 60 minutes. A l'issue de cette première étape, la Terre s'est déplacée de 15 degrés. Il est 1h à Wellington, 00h sur le fuseau d'à-côté. Le livreur passe donc sur le fuseau d'à côté, qu'il va balayer en 60 minutes également. Puis, il passe sur le fuseau suivant, où il est maintenant 00h, et ainsi de suite jusqu'au 24ème fuseau, ce qui laisse 24 heures au livreur. 24 heures, c'est peu. Heureusement, il va y avoir un peu de rab. Quand la livraison s'achève, au niveau du 24ème fuseau, il est 1h du matin. Or, les enfants ne déballent leurs paquets qu'à 8 heures, il a donc un délai supplémentaire de 7 heures. 7 heures qui seront réparties sur l'ensemble du globe. Mais bon, ça ne me dit pas à quelle vitesse il doit aller. Mais ça doit se trouver...
- Franck, dans la hotte du Père Noël, quelles sont les catégories de jeux ou de jouets qui marchent le mieux ?
- La première des catégories, c'est les jouets sous licence. Les jouets dérivés des super héros.
- Ceux qui passent au cinéma, à la télé ?
- Cinéma, télévision, bande dessinée... Le Petit Prince. Ici, on a le Petit Prince, on va le retrouver en figurine, ici. On va le retrouver en puzzle, en dominos, ...
- On se croirait dans un magasin de souvenirs ! Il y a même des tirelires, y'a de tout, on exploite jusqu'au bout.
Et les grands classique alors ? Les poupées, les garages, les déguisements, tout ça ?
- Ca reste toujours des jouets très demandés. Dans les listes de Noël, ils arrivent juste après les jouets à la mode, les jouets tendance. Et dans ces grands classiques, et bien il y a aussi les jeux de société.
- Ca représente beaucoup de votre chiffre d'affaires ?
- Les jeux de société c'est 17% des ventes.
- Quand même !
- Donc c'est très important.
- D'accord. Alors, la star du jeu de société, on la connaît ?
- La star du jeu de société, c'est le Monopoly.
- Toujours ?
- En tête des ventes depuis des années, des années. C'est quelque chose qui plaît énormément, encore aujourd'hui.
- Ah; les jeux technologiques.
- Oui. Alors ça, c'est vraiment une caractéristique propre aux jouets.
- Qu'est-ce qu'il fait ce lapin ?
- Alors, Minky en fait c'est un lapin animé, donc comme un vrai, il mange.
- J'ai l'impression qu'il s'est endormi, là.
- Il vient de s'endormir, il est un peu fatigué. (- Faut faire quoi pour le réveiller ?) Il faut le câliner un petit peu, et quand on le câline voila, il se réveille.
- Je peux lui donner à manger là ?
- Et là il peut manger.
- Voilà, il a mangé une carotte.
Alors pour ceux qui sont moins enfant, encore que, on a l'hélico.
- On a les hélicoptères.
- Ca c'est la grande mode, les hélicoptères.
- Voilà, c'est une autre catégorie, très à la mode. Celui-là en plus c'est l'hélico avec une caméra intégrée.
- Y'en a un qui nous survole.
- Voilà, l'hélico qui est là. Donc là on voit, il y a un appareil qui est tout petit, qui a une extrême maniabilité, qui est extrêmement simple d'utilisation.
- C'est difficile à piloter ?
- C'est extrêmement facile à manipuler. Au bout de 5-10 minutes d'apprentissage, on peut lui faire faire tout ce qu'on veut.
- Voilà, il se pose. C'est fantastique. Et bien Jamy tu vois, on peut s'offrir aujourd'hui un hélicoptère, y'en a pour quasiment tous les porte-monnaie.
Ohlala, tous ces jouets, ça donne presque le vertige. Dans les pays industrialisés, chaque enfant accumule en moyenne entre 0 et 14 ans, presque 300 jouets. Et pas qu'à Noël, il y a également les anniversaires, les fêtes, parfois on reçoit aussi un cadeau pour rien, en général ce sont ceux qui font le plus plaisir. Mais bon, ne rêvons pas, ça ne peut pas être Noël tous les jours.
Alors, est-ce que ça veut dire que les enfants sont plus gâtés aujourd'hui qu'hier ? Et bien, en France, le budget jouet s'élève en moyenne à un peu plus de 230€ par an et par enfant, le plus élevé d'Europe. D'après les chiffres, la part du budget consacré aux jouets n'aurait pas augmenté depuis quelques années, sauf que les jeux vidéo n'entrent pas dans ce calcul, alors que leurs ventes ne cessent d'augmenter. Si maintenant, on ne s'en tient qu'aux jouets classiques, lesquels trouve-t-on le plus dans les paquets ? Je suis sûr que vous pensez aux voitures pour les garçons et aux poupées pour les filles. Pas du tout ! Les jouets les plus vendus sont ceux de premier âge. Ils représentent plus de 20% des parts de marchés. Viennent ensuite les jeux de société et les puzzles, les jeux de plein air, puis les poupées, les voitures. Quant aux peluches, elles arrivent encore après, et représentent entre 4 et 5% de parts de marché.
Les trois quarts des jouets vendus dans le monde sont fabriqués en Chine. En France, ils arrivent par porte-conteneurs dans le port du Havre, et c'est ici que les douanes procèdent à certains contrôles.
- Tous les jouets qui arrivent en France sont censés répondre à des exigences de qualité et de sécurité. Autrement dit, ils doivent être conformes aux normes européennes.
Alors évidemment, tous les jouets ne peuvent pas être contrôlés, mais lorsque les douaniers ont des doutes sur certains produits, et bien ils les envoient dans des laboratoires, comme ici à Lille, et c'est très utile. La preuve, c'est qu'en 2010, un jouet sur trois contrôlés n'était pas conforme aux normes.
On arrive en pleine séance de torture. Alors Mathieu, qu'est-ce que tu lui fais à cette peluche ?
- Là on teste la couture. On essaye de voir si elle ne va pas s'ouvrir ou s'étirer. Et après, voir si l'enfant n'a pas accès à ce qu'il y a à l'intérieur.
- D'accord. Donc la machine là en fait, elle tire comme si c'était un enfant, avec la même force que pourrait avoir un enfant ?
- Exactement. Soit avec les mains, soit avec la bouche. On essaye de voir s'il ne va pas pouvoir étirer la couture.
- Et c'est quoi le risque, alors ?
- Alors le risque c'est d'avoir accès à ce qu'il peut y avoir à l'intérieur d'une peluche. Souvent, on trouve des petits éléments, des petits couineurs. On peut trouver des sacs de billes avec également des petits éléments que là encore ils pourraient avaler.
- On trouve ça aussi dedans ?
- On peut trouver ça dans les pieds, dans les pattes. Ou alors tout simplement la bourre, qu'il va mettre dans les bras.
- Une espèce de laine...
- Voilà, c'est ça, c'est ce qu'on peut trouver dans des coussins.
- Quel est le risque ?
- Le risque c'est qu'il s'étouffe avec.
- Et ça là, je vois cet outil, à quoi ça sert ?
- Alors ça en fait, ça représente le doigt d'un enfant. On va regarder si le doigt arrive à s'insérer dans la couture pour aller voir ce qu'il y a à l'intérieur.
- D'accord. Et là alors qu'est-ce que ça donne la couture ?
- Alors là, a priori, elle a tenu. Celui-là est conforme pour l'instant.
- T'as vu Jamy ? On s'amuse bien ici. Alors ce test consiste en quoi ?
- Alors là on essaye de mesurer l'énergie cinétique, donc la puissance, des armes qui envoient des fléchettes.
- On a des surprises parfois en testant ce genre de jouets ?
- Oui on peut avoir des projectiles expulsés par le canon qui sont beaucoup trop rapides, du coup ça pourrait venir blesser l'oeil des enfants.
- D'accord. Il arrive que des armes comme ça soient retirées de la vente ?
- Ca arrive, oui.
- D'accord. Tu vois Jamy, dans ce laboratoire en fait, on fait des expériences très dangereuses.
- Alors ici on s'amuse aussi à casser les jouets et l'exercice est très précis.
- Oui. Il faut le faire tomber cinq fois sur les parties les plus défavorables à 85 centimètres de hauteur.
- Donc ce qui représente la hauteur du bras d'un enfant. Comme ça. Et une fois qu'on l'a fait cinq fois, c'est pas fini ! On va projeter sur le jouet, enfin "projeter", faire tomber sur le jouet une masse de 1 kilo.
- A 10 centimètres.
- A 10 centimètres, voilà. Et bah dis donc, il est solide celui-ci ! Et c'est quoi alors le but de ce test ?
- Le but est d'essayer de voir s'il y a un petit élément qui peut se détacher ou se casser du jouet et être ensuite avalé par l'enfant au cours du jeu. On appelle un petit élément ce qui rentre dans le cylindre pour petits éléments.
- Voilà le cylindre, qui en fait représente la gorge d'un enfant de moins de 3 ans.
Et oui, le problème avec les petits, les moins de 3 ans en particulier, c'est qu'ils ont tendance à tout porter à la bouche. Le risque évidemment, c'est qu'ils avalent un objet. Et là, les conséquences peuvent être graves. D'autant plus graves, que l'objet est sphérique et d'une certaine taille. Tenez, même une balle comme celle-ci, de 4 à 5 centimètres de diamètre, peut facilement glisser dans la gorge d'un enfant, et venir se bloquer à la jonction des voies digestives et respiratoires. A ce moment-là, l'air ne passe plus, et l'enfant étouffe.
Alors qu'avec un objet anguleux, une pyramide ou un cube par exemple, il y a toujours un petit peu d'air qui passe. C'est la raison pour laquelle dès qu'il y a un objet sphérique dans un jeu, et bien cet objet est testé. En fonction des résultats, on peut alors voir apparaître ce logo sur l'emballage. Attention, ce n'est pas un conseil d'âge, ça ne veut pas dire que l'enfant ne va pas s'amuser avec ce jeu, non. C'est une norme de sécurité liée à la morphologie de l'enfant, un avertissement qu'il ne faut surtout pas prendre à la légère. Ce n'est pas la seule mise en garde que l'on peut lire sur une boîte de jeu, on parle d'ailleurs de mentions obligatoires. Celle-ci signale la présence d'aimants dans le jeu. Ils sont dangereux, car une fois avalés, ils peuvent rester coincés dans l'intestin. Cet organe est en effet plein de circonvolutions, des plis et des replis. Si ensuite l'enfant avale une petite pièce en acier par exemple, et bien les deux peuvent s'attirer et prendre la paroi intestinale en sandwich ce qui à terme peut provoquer des lésions très graves.
- Ahlalala, les tortures continuent. Alors là, c'est le baptême du feu pour cette peluche, c'est ça ?
- Tout à fait. Sur les jouets rembourrés, on va regarder s'ils ne brûlent pas à une certaine vitesse. C'est-à-dire qu'en fait, il a le droit de brûler, mais simplement la flamme ne doit pas brûler trop vite, pour que l'enfant puisse jeter le jouet dès qu'il voit que c'est en train de brûler.
- Bon, on sort !
- Oh oui !
- Alors, on commence à brûler. Ca n'a pas l'air de tellement prendre en fait.
- Non, sur tout ce qui est peluche, c'est vrai que ça brûle très rarement. Soit parce que la matière est plus en plastique, et ça va fondre, soit parce que parfois il y a des retardants de flamme.
- D'accord. Donc il est rare d'avoir un feu qui prenne comme ça avec les peluches ?
- Avec les peluches c'est extrêmement rare. On peut voir des choses qui brûlent un peu plus sur des déguisements ou des tunnels de jeu.
- D'accord, on pourrait faire l'essai alors sur d'autres matières ?
- C'est ce qu'on va faire.
- Bon là il s'agit de quel matériau ?
- Alors là c'est du plastique qui fait partie d'un tunnel de jeu. Sur les tunnels de jeu, on regarde aussi la propagation de flammes, parce qu'effectivement l'enfant est à l'intérieur, il ne faut pas qu'il soit brûlé, et qu'il ait le temps de sortir avant que tout s'enflamme.
- C'est quoi tous ces fils là ?
- Alors ici c'est pour déclencher des chronomètres. Lorsque la flamme va couper ce fil-là, et ce fil là-haut, ça va déclencher et arrêter un chronomètre. Comme on connaît la distance entre les deux fils, on aura la vitesse.
- Bon, on va voir ça tout de suite.
- On y va.
- Tac, ça déclenche le chrono. Alors, si je comprends bien, si le feu progresse à plus de 3 centimètres par seconde, c'est ça, on n'est pas aux normes ?
- Voilà, tout à fait, on considère que le jouet est dangereux et que l'enfant peut se brûler avec.
- Ca brûle bien, là, en attendant.
- Ah bah là, il est non conforme. On est autour de 3,2-3,3 centimètres/seconde.
- Donc ça, c'est pas du tout aux normes.
- C'est pas du tout aux normes au niveau de l'inflammabilité, c'est même dangereux pour un enfant.
- Est-ce qu'il vous est arrivé de retirer un lot important de jouets, parce que justement c'était pas conforme aux normes européennes ?
- Oui, dernièrement, on a eu des peluches avec des petits aimants dans les pattes. Les aimants devenaient accessibles suite à l'essai de traction sur les coutures...
- Les enfants pouvaient récupérer les aimants ?
- Ils pouvaient récupérer les aimants, les avaler. On a retiré à peu près 70.000 peluches.
Pour éviter les accidents, quelles précautions doit-on prendre quand on achète un jouet ? Et bien au minimum, s'assurer que les initiales "CE" figurent bien sur l'emballage ou sur le jouet lui-même, ce qui signifie "Conformité Européenne". Alors, qu'est-ce que ça veut dire précisément ? Et bien, que le fabriquant du jouet s'est engagé à respecter la norme européenne, c'est indispensable pour qu'un jouet soit vendu au sein de l'Union, et cela même s'il est fabriqué à l'étranger, en Chine par exemple. Seulement attention, il n'y a pas de contrôle préalable, la position de ces deux lettres repose uniquement sur la bonne foi du fabriquant. Seuls les contrôles inopinés peuvent avoir lieu au moment où le jouet pénètre sur le territoire européen.
D'autres jouets portent la marque "NF Petite enfance". Attention, cette fois le fabriquant ne peut pas décider de lui-même d'apposer cette marque. Le jouet doit obligatoirement passer avec succès les tests au laboratoire national d'essais : des tests chimiques, électriques, mécaniques, des tests d'inflammabilité. Pour obtenir cette marque, le jouet doit également résister à un test de vieillissement, qui simule 3 années d'utilisation.
Enfin, dernière chose, la plus simple sûrement, bien vérifier sur l'emballage que l'adresse du fabriquant ou de l'importateur y figure. En cas de recours, c'est indispensable.
Le jouet existe depuis l'Antiquité. Certains, comme ce hérisson à roulettes, ont plus de 3000 ans. Au fil des siècles, les jouets ont toujours cherché à reproduire le monde des adultes. On construit, on pouponne, on voyage, on bataille, on se projette même dans le futur. Si le jouet est synonyme d'émerveillement et d'imaginaire, il est aussi une façon de se préparer à la vie d'adulte, en faisant comme les grands.
- Qui est-ce qui s'occupe du numéro de lions ?
- Moi !
- C'est toi ? C'est bon, c'est prêt bientôt ? Super !
Alors tu sais Jamy qu'aujourd'hui, pour avoir accès à un grand nombre de jeux et de jouets, il n'est pas indispensable d'aller casser sa tirelire dans les magasins, non. Il suffit d'aller dans des ludothèques, où les enfants peuvent emprunter toutes sortes de jouets à consommer sur place, ou encore à emporter. Il y a en a de plus en plus, de ludothèques, et c'est très bien.
- Y a de l'ambiance ici !
- Ouhlala, il y a du monde.
- Alors Patrice, vous êtes pédopsychiatre. Tout le monde dit aujourd'hui que le jeu c'est indispensable pour les enfants, mais concrètement, qu'est-ce que ça leur apporte, dans leur développement ?
- Je crois que si on n'a pas une capacité de jouer, que l'on soit enfant, adolescent, adulte, on va perdre énormément de choses dans la vie, puisque jouer c'est ce qui va nous permettre d'avoir du plaisir à apprendre, à être surpris, à découvrir des situations nouvelles, à créer des univers nouveaux. Et si on n'a pas appris à jouer quand on était jeune, on pourra pas bien faire ça.
- D'accord, alors quelles sont les grandes étapes du développement d'un enfant, en fonction des jeux ou des jouets... ? Ou à quels jeux joue-t-il en fonction de son âge ?
- On pourrait dire que jusque vers 3 ans, grosso modo, sauf rencontre imprévue, les enfants vont pas tellement jouer ensemble, ou alors pour se piquer l'objet que l'autre a, mais pas pour jouer ensemble. Ils essaient dès qu'ils rampent de capter déjà des objets, de les mettre à leur bouche, c'est toute la mise en jeu de soi, de son corps entier. Ca va être à partir du moment où il rentre en maternelle, grosso modo, qu'il va commencer à apprendre, le plaisir de partager avec d'autres, et utiliser le jouet comme objet intermédiaire entre l'autre et lui.
- Les jeux de construction, par exemple aussi ?
- Donc ça c'est un peu plus tard, c'est... Il commence à apprécier beaucoup ça vers l'âge de 3-4 ans.
- On commence à construire à cet âge-là.
- L'équilibre, ils vont explorer les lois de la physique, et en même temps ils vont trouver des satisfactions à faire plus haut que le voisin, différent, des formes nouvelles, et imaginer, déployer leur imagination. Ils auront fait un vague cube, et bien eux ils y verront un château, etc.
Et à 6 ans, alors l'âge plus sérieux, là l'enfant va participer à des jeux où on a des règles à suivre, on a des circuits à emprunter, on a des projets communs, et là ça devient une affaire collective éventuellement.
- A travers votre expérience de médecin, est-ce que vous avez pu constater chez des enfants qu'ils avaient, comment dire, des défaillances, des handicaps, des manques, qui auraient été liés directement à une absence de jeu, à un manque de jeu ?
- Oui, très nettement. Et depuis une dizaine d'années, on voit ça s'accentuer. C'est-à-dire que l'absence de jeu au profit des stimulations, des parents bien attentionnés pensant qu'en stimulant leur enfant ils vont favoriser son développement, font fausse route. C'est en jouant que ils vont sérieusement l'aider. Et les, ce que l'on peut voir comme manifestations après, c'est quoi ? C'est pas de jeu dans les apprentissages scolaires, des décrochages scolaires à l'adolescence, la créativité, le jeu, leur manquent. Et donc c'est très préjudiciable. Revalorisons les métiers de la première enfance, les situations de jeu, et on fera des adultes qui plus tard auront du plaisir à innover et à vivre dans un monde qui change.
- En tout cas les enfants ont l'air d'être épanouis ici, et les parents aussi d'ailleurs.
- Ca a l'air pas mal.
Il y a un cadeau qui prend de plus en plus de place sous le sapin, c'est le jeu vidéo. Deux tiers des Français de plus de 10 ans y ont déjà joué, et aujourd'hui la moitié des joueurs sont des filles. Yes !
Contrairement à une idée reçue, il n'y a pas que les enfants qui jouent aux jeux vidéo, au contraire même. En France, la moyenne d'âge des joueurs est de 33 ans et 80% des joueurs a plus de 18 ans. On sait également que plus de la moitié des parents joue aux jeux vidéo avec leurs enfants. Ensuite, les jeux vidéo, c'est comme les films, il y en a pour tous les âges. Alors pour guider les parents dans les choix qu'ils font pour leurs enfants, ou pour les aider à valider les choix que font leurs enfants, et bien il existe un outil : le PEGI, littéralement "Pan European Game Information". Il s'agit d'une norme qui permet de savoir à quelle tranche d'âge s'adresse un jeu : aux plus de 3 ans, plus de 7 ans, de 12, de 16, voire si ce jeu est réservé aux adultes. Par ailleurs, des icônes permettent également de préciser le contenu du jeu, ils permettent de savoir si le jeu comporte des scènes violentes, des scènes qui peuvent inciter à la discrimination, des scènes qui peuvent terroriser les plus jeunes, ou inciter à parier. On sait également si des personnages utilisent un langage grossier, si certains consomment de l'alcool ou d'autres drogues, ou encore s'il y a des scènes érotiques. Bref, si on prend le temps de lire une jaquette, et bien en principe, on n'a pas de mauvaises surprises.
- Alors tu sais Jamy qu'il existe aujourd'hui des jeux vidéo assez incroyables, quand même. Tiens, ce petit personnage par exemple, en fait c'est un jouet, et bien je vais le poser sur ce support ici, et tu vas le voir apparaître virtuellement dans un jeu vidéo.
Alors Vincent toi tu es maître de conférence, c'est-à-dire que tu étudies à l'université les jeux et les jouets.
- Exactement.
- Alors là on est où ? On est dans le jeu, dans le jouet ?
- Bah là on est dans une sorte de mariage assez réussi entre le jouet et le jeu vidéo, et qui montre en fait que le jeu vidéo et le jouet sont pas ennemis et qu'ils arrivent à vivre ensemble et parfois à faire de nouveaux objets et de nouvelles pratiques.
- D'accord. On va aller voir l'autre là, qui est assez aussi intéressant. Regarde Jamy, pas de balle, pas de raquette, et pourtant je vais essayer de faire un service gagnant. T'es prêt Vincent ?
- Prêt !
- Allez, c'est parti. Hop !
Bon est-ce qu'on passe pas trop de temps en fait devant les jeux vidéo ?
- Bah on en passe en tout cas ce qui est sûr, de plus en plus. Après, savoir est-ce que c'est trop...
- Combien ?
- On est autour de 5-6 heures par semaine.
- 5-6 heures par semaine. D'accord. On dit que les jeux vidéo peuvent être addictifs, provoquer des dépendances. Qu'est-ce que tu en penses ?
- Alors, c'est vrai qu'il y a tous ces éléments là, on parle d'addiction alors surtout sur certains types de jeux vidéo, qui sont plutôt très particuliers, ce qu'on appelle des jeux massivement multi-joueurs. Mais on a encore, il faut l'avouer, beaucoup de mal à définir ce que c'est que cette addiction et à voir comment on peut l'analyser, la conceptualiser.
- Est-ce que le jeu vidéo prend la place du jouet, petit à petit ?
- En terme de ventes, non. En terme de pratique, on s'aperçoit que globalement, et notamment en France, les gens jouent de plus en plus, et c'est pas uniquement aux jeux vidéo, c'est aux jeux de société, au sport, à différents types de loisirs, et en fait le jeu devient de plus en plus présent et on est une société qui joue de plus en plus, c'est vrai.
- Et bah c'est génial ça, vas-y, sert. C'est à toi.
Ca y est, j'y suis. Vous savez, la problématique de départ, sur la distribution des cadeaux. La vitesse à laquelle il faut les livrer. Je vous expose les données du problème : nous sommes désormais 7 milliards d'êtres humains sur la planète. Les destinataires potentiels des cadeaux, autrement dit les moins de 15 ans, représentent un peu plus de 25% de ce chiffre, autrement dit, environ 1,8 milliard. J'ai dit "potentiels", car Noël étant une fête religieuse, tout le monde ne passe pas commande, même si beaucoup d'enfants, le 25 décembre, déballent des paquets en dépit de leurs croyances religieuses. Bref, on arrive ainsi à 400 millions d'enfants. Dans la mesure où il y 2,54 enfants par famille, ça fait à peu près 160 millions d'adresses à visiter en 31 heures. Autrement dit, d'après mes calculs, qui ont d'ailleurs été confirmés par plusieurs collèges d'experts, le livreur doit se déplacer à plus de 1500 kilomètres par seconde. En sachant, qu'il a tout juste un peu plus d'un millième de seconde pour descendre de son véhicule, plonger dans la cheminée, livrer ses cadeaux, prendre une collation, remonter et redémarrer.
Franchement, entre nous, c'est impossible ! Personne n'est capable de faire ça. Sauf peut-être un super héros : genre vieux bonhomme, avec une grande barbe blanche, habillé tout en rouge, vous voyez qui je veux dire... Alors profitez-en, il passe très vite !
