Alors ... ce que je décris dans mon livre "Apprendre à résister", euh... est que il y a trois systèmes dans le cerveau. Un système un, et tout le monde est à peu près d'accord avec cela, qui est un système d'intuition, d'impulsion. Un deuxième système, qui est un système plus logique, plus lent, analytique et ce qu'on étudie dans mon laboratoire c'est un système... un troisième système, qui est le système d'arbitrage qui lui est localisé, de façon précise, dans le cortex préfrontal et dans certaines régions bien ciblés du cortex préfrontal qui est vraiment le chef d'orchestre du cerveau chez l'enfant... euh ... comme chez l'adulte et qui va permettre dans différentes situations d’inhiber et d'activer la bonne stratégie.
On présente, comme le faisait Piaget , à l'enfant deux alignements de jetons, 6 jetons par exemple qui ont exactement la même longueur... chaque alignement. On demande à un enfant s'il y en a pareil ou non. Un enfant d'école maternelle. Il vous répondra comme tous les enfants du monde "oui, il y en a pareil". Et si juste après, sur la table, vous créez une situation où les jetons d'un des deux alignements vont s'écarter et vous reposez la même question, le même jugement d'équivalence à un enfant, jusqu'à sept ans l'enfant répondra "ah ben non là il n'y en a plus pareil" , on lui dit "Pourquoi, pourquoi il n'y en a plus le même nombre?", et l'enfant vous répond " il y en a plus là parce que c'est plus long". Et après, vers sept/six ... sept/huit/neuf ans, l'enfant devient capable de résister, d'inhiber cette intelligence visio-spatiale pour activer l’algorithme plus logicomathématique qui est celui du contage des jetons, si on compte on ne se trompe pas.
Nous ce qui nous intéressait c'est de reprogrammer, comme je le disais à l'instant, cette expérience sur ordinateur de manière à ce que lorsque l'enfant est place dans une caméra d'imagerie cérébrale on puisse lui envoyer par un système visuel qu'il a dans la caméra des lunettes spéciales , qu'on puisse lui envoyer exactement les mêmes stimulations, qu'on lui pose la même question et lorsque l'enfant se trompe par exemple, répond "il y en a plus là parce que c'est plus long" on voit dans son cerveau le réseau cérébral qui correspond à cette erreur. Et on peut mesurer la reconfiguration qui s'opère dans le cerveau et c'est de l'arrière pardon vers l'avant du cerveau vers le cortex préfrontal que s'opère une reconfiguration lorsque l'enfant parvient à inhiber son automatisme pour réussir.
L' école a un rôle essentiel à jouer pour faire une pédagogie de ce cortex préfrontal, pour apprendre à l'enfant à résister à ses automatismes. Par exemple, à l'école maternelles les professeurs utilisent ce qu'ils appellent un attrape-piège qui est un grand carré qui représente le répertoire des réponses possibles, qui correspond donc à ce que vous avez dans ce que les sciences cognitives appellent la mémoire de travail dans votre cerveau, ... et dans ce carré vous avez un rond central qui est la zone activable.. euh.. qui sera la réponse ultime mais tout autour vous avez des hachures et ces hachures en terme psychologique c'est le filtre inhibiteur. Et donc l'enfant répond avec une première réponse, impulsive si c'est un automatisme comme longueur égale nombre. On symbolise sa réponse sur un carton, on la glisse sous les hachures et l'enfant est démuni parce qu'il a compris quand même les règles du jeu... il sait que si sa réponse est sous les hachures, il doit la bloquer. Ce système didactique très simple, l'attrape-piège que je vous décris, euh... on peut le décliner dans toutes les classes. Simplement la nouveauté c'est qu'on sait aujourd'hui (et c'est prouvé scientifiquement) que... il exerce une partie du cerveau ce système 3 cortex préfrontal qui est vital, essentiel à l'enfant pour apprendre à résister à ses automatismes. Ce n'est pas en soi dans les programmes scolaires.