Il fallait donc que j’aie l’air de m’occuper sans pour autant sembler comprendre un mot de ce qui se disait autour de moi. Désormais, je servais les diverses tasses de thé et de café sans l’ombre d’une formule de politesse et sans répondre aux remerciements des cadres. Ceux-ci n’étaient pas au courant de mes nouvelles instructions et s’étonnaient que l’aimable geisha blanche se soit transformée en une carpe grossière comme une Yankee.
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Monsieur Saito me manda à son bureau. J’eus droit à un savon mérité : je m’étais rendue coupable du grave crime d’initiative. Je m’étais attribué une fonction sans demander la permission de mes supérieurs directs. En plus, le véritable postier de l’entreprise, qui arrivait l’après-midi, était au bord de la crise de nerfs, car il se croyait sur le point d’être licencié.
—Voler son travail à quelqu’un est une très mauvaise action, me dit avec raison monsieur Saito.
J’étais désolée de voir s’interrompre si vite une carrière prometteuse. En outre, se posait à nouveau le problème de mon activité.