Michel Henry
Paroles Du Christ
Éditions du Seuil
Introduction
Selon la théologie chrétienne (nous nous interrogerons plus loin, d'un point de vue philosophique, sur sa vraisemblance ou sa légitimité), la nature du Christ est double, humaine et divine à la fois. Dans la mesure où le Christ est l'Incarnation du Verbe de Dieu, c'est ce Verbe, et ainsi Dieu lui-même, qui habite en lui. Mais parce que la chair en laquelle le Verbe s'est incarné est semblable à la nôtre, alors le Christ est un homme comme nous. En revêtant notre condition il en a assumé du même coup la finitude. Cette finitude est précisément celle de la chair. Elle se laisse reconnaître à des signes multiples. Le plus remarquable est un ensemble de besoins qui attestent qu'aucune chair ne se suffit à elle-même. Il lui faut sans cesse se nourrir, prendre soin de soi, se protéger de diverses façons aussi bien contre les périls qui la menacent de l'extérieur que contre le danger intérieur qui ne cesse pas : à savoir tous ces besoins qui exigent impérativement d'être satisfaits. En sorte que toute chair est condamnée à entretenir la vie qui est en elle et qui réclame sans relâche les conditions de sa survie. C'est cette vie en réalité qui est finie, aussi incapable de se donner à elle-même la vie que de se maintenir en elle par ses propres moyens. Voilà pourquoi la chair dont la vie est finie présente deux séries de caractères corrélatifs. D'une part, les impressions dont elle est constituée sont des tonalités affectives negatives, tels le malaise du besoin, l'insatisfaction, le désir, les multiples formes et nuances de la douleur et de la souffrance dont elle est le siège. En toutes ces tonalités, leur teneur pénible ou désagréable exprime le manque fondamental qui affecte la chair en tant qu'elle est incapable de se suffire à elle-même.
Ceci est d'une grande aide, je vous remercie!