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Il n’était pas de sirène plus heureuse que celle qui vivait dans la baie de la Fresnaye. De l’aube jusqu’au crépuscule, son chant mélodieux ravissait quiconque l’écoutait. Parfois, les nuits de pleine lune, elle glissait sur les flots. Sa musique couvrait le clapotis des vagues et dans son sillage, perlaient des milliers de paillettes d’argent.
Mais, un matin, la sirène ne vint pas accompagner de son chant le lever du soleil. Au début, cela n’alarma personne :
- Elle doit dormir comme un loir, disaient certains. Il faut bien qu’elle se repose de temps en temps.
- Elle a un chat dans la gorge ce matin, plaisantaient d’autres.
Mais au milieu de la journée, comme elle n’avait toujours pas reparu, on s’inquiéta :
- Il lui est peut-être arrivé malheur !
- Et si elle nous avait quittés !
Dans la baie, l’inquiétude était à son comble. Quelques plages plus loin, Guyrec, pêcheur de son état, remontait le fruit de sa pêche. Il sentit que son filet était plus lourd que d’habitude :
- Sapristi ! Serait-ce un thon ou un marsouin ?
Ravivé par l’espoir, Guyrec força de plus belle. La nasse apparut à la surface et dans un dernier effort, il la hissa à bord.
Dans le filet, pas l’ombre d’une nageoire, pas la moindre écaille de poisson. Pourtant, le pêcheur le contemplait avec des yeux aussi ronds que des bouées.
